Description
J’ai fait un voyage sur des mers imaginaires où le fantastique a côtoyé ma réalité de petit bonhomme, en quête de sa raison d’être sur la planète terre. Cette traversée au long cours sur un bateau de papier du nom de la « Marie Jeanne » m’a transporté dans des mondes aux souvenirs inoubliables, la tête dans les étoiles et le cœur en bandoulière j’ai cherché ma bonne étoile pour donner un sens à ma navigation dans la démesure du Vivant et de ses océans. Ce récit narratif, au caractère teinté d’onirisme, est l’aventure d’une résilience romanesque où s’entremêlent le merveilleux et le réalisme à seule fin d’entrevoir un nouvel état d’être, au diapason de notre filiation à l’humanité, à la terre et au cosmos.
Extrait
[…] La « Marie Jeanne » tangue dangereusement, ma gorge se serre et mon estomac se retourne, la machination du conditionnement à la poisse, devenu ma mauvaise conscience m’assiège et me poursuit, pour découper du sentimental, fouetter et crucifier sans état d’âme mes rêves d’évasion. J’entends persifler des mots belliqueux écorchés par des dents aiguisées à la meule du chacun pour soi. L’ombre du malheur s’empare de mes sueurs. Je flippe sur mer encore plus que sur terre, le charivari des flots se met à secouer de plus en plus fort mon navire. Au fur et à mesure que les vagues grossissent, je ressemble à un marin de la scribouille sur un bateau plié du côté où il va s’engloutir ! En une seconde, j’ai ressenti le mal de mer et affalé les voiles. Un ouragan m’entoure. À son dôme, le tonnerre gronde et la foudre crache le feu. La tête me tourne, je hoquette et je finis par vomir lamentablement sur la surface noire des flots, d’où jaillissent brusquement, dans un ruissellement d’écumes saumâtres, des têtes monstrueuses. À faire pâlir Ulysse et les héros mythiques de la grande bleue…
La terreur des marins
Vissées sur de longs cous qui se balancent avec un inquiétant mélange de puissance brutale et titubante, tel que peut l’engendrer la folie barbare d’une ivresse décadente, des têtes monstrueuses s’élèvent jusqu’au niveau du poste de vigie. Je suis défiguré d’effroi, encerclé par plusieurs gueules antédiluviens aux dents jaunies et au souffle brûlant d’un désir haletant d’ensorcellement avec des yeux révulsés par l’obsession d’une domination destructrice qui ne peut être que fatale pour la victime. Une apparition d’épouvante extrême, un corps énorme de puissance surgit des eaux, une hydre venue du fond des temps… pétrifiant. Hercule est une légende, l’hydre est toujours vivante ! Et moi, je suis mort de peur dans un mauvais trip venu de mes tripes schizophréniques. Ces têtes, venues d’un monde d’épouvante, multiplient les vindictes et plaintes avilissantes, me promettant des souffrances à la hauteur de mes lâchetés. Les sarcasmes et persiflages tournent en boucle d’épouvantables menaces, des incantations démoniaques se répercutent en écho sur l’ensemble de la création, terre, mer et cieux confondus. Je suis un trouillard, un imposteur cloué au pilori. Impuissant, tétanisé par la peur, mordu dans toutes mes faiblesses, je me sens entraîné dans un tourbillon d’écume et de sang vers les profondeurs…
Derrière les brumes, j’ai découvert un chemin parsemé d’étoiles. Elles m’ont ouvert l’œil sur la Beauté et le Fantastique de notre monde. Tant que je garderai cette lumière sous mes paupières, subsistera l’espoir…
LAMIGO