Le roman de sciences-fiction Microseris – La Grande Envolée raconte les débuts d’un futur exode spatial. Toutefois, il s’agit de construire une grande épopée humaine, s’étalant sur plusieurs générations et prenant place dans différents contrées.

Comme porte d’entrée de cet univers, je me base sur les préoccupations du monde actuel incluant le rapport à la parentalité, les enjeux liés à l’écologie et le monde laissé derrière nous.

Le premier tome pointe les difficultés des politiques d’aujourd’hui à reconnaître l’implication des activités industrielles dans le réchauffement climatique et les conséquences possibles sur le futur.

Extrait de  MICROSERIS | Partie I : « La Grande Envolée » de Sandro Candrilli

« Anton portait à bout de bras un tas de plans semblables à ceux affichés dans l’atelier, qu’il déroula avec soin. Ils furent disposés et superposés dans un ordre précis, puis Anton aplatit les coins d’un geste délicat des paumes. Ils avaient tous un air grave ; Lucie était sérieuse, le petit Adam enfouit son visage dans ses mains. Il portait toujours sa drôle de capuche, même à l’intérieur. « Il a peur qu’il pleuve sur sa tête, ou quoi ? », pensa Norman. Celui-ci leva les yeux au plafond. Rien à part l’épaisse couche de béton. Il se demanda si son propre fils aurait le même caractère plus tard. Avec une mère aussi extravertie, ce serait très étonnant. La petite famille semblait habituée à ce genre de réunion solennelle. Le silence s’était fait et l’on n’entendait plus qu’un léger bourdonnement électrique en fond. Anton prit un peu de temps avant de commencer son discours :
— Mes amis, nous avons de la chance, car demain, nous aurons l’occasion de nous surpasser…
Norman se demandait ce qu’il entendait par là.
— Lucie, je vais te demander de plonger le câble électrique dans la piscine, puis d’activer le circuit d’alimentation. Toi, Adam, je veux que tu enclenches ce que tu sais tout autour de la cabane.
— Attendez ! STOP ! Il me faut juste un plan pour choper les billets et retrouver mes proches, point barre. Le temps presse, pourquoi ne va-t-on pas les chercher et nous quitter bons amis ?
— On ne peut pas ! Dehors, on risque de rencontrer soit une tempête, soit des crues, rétorqua Lucie qui échangea un clin d’œil avec son père.
— Il y a aussi Biotto ! lança passionnément Adam.
— Certes, mais le jeu en vaut la chandelle ! Je vous rappelle que les places sont limitées, bon sang ! En plus, les premières quarante-huit heures donnent plus de chances aux participants et dix sont déjà foutues. Il ne faut pas savoir comment le protocole fonctionne pour ne pas s’inquiéter !
— On le connaît… Adam, tu expliques ?
— Ouais, trop dantesque ! Les messieurs Léon et Noël SKUM ont construit cinquante vaisseaux qui peuvent accueillir — le petit utilisa ses doigts — cent mille personnes, en tout. Le voyage versMars va durer six mois aller, six mois retour… deux voyages par an… le nombre de passagers la première année est donc de…
— Deux cents mille ! Nous sommes dix milliards, presque onze. En dix ans, si tout se passe bien, on aura évacué seulement deux millions de têtes ! Je n’ai pas envie d’attendre l’éternité, vous m’excuserez…
— C’est vrai que dit comme ça, ça craint un peu… Mais quel intérêt de mourir aujourd’hui ou demain ?, relativisa Anton.
— Je suppose que vous marquez un point…
— Fais-nous confiance et tu les auras, tes billets.
— NON ! Je dois les avoir tout de suite, IL FAUT QUE JE PARTE !
— Lucie, allume la radio s’il te plaît.

« …ALERTE, El Pinto a frappé l’est du pays. Des vents ascendants violents ont arraché plusieurs toits de vieilles bâtisses. On fait état d’un nombre important de morts et de disparus. Trouvez un abri le plus vite possible : bâtiments surélevés ou Crawlway. Restez à l’écoute des nouvelles données météorologiques. Bilan à 22h. ALERTE, El Pin… ».

D’une part, Norman avait cette désagréable sensation d’être à la traîne depuis sa rencontre avec Anton. De l’autre, l’annonce radio lui fit l’effet d’une douche froide. Rester bloqué là, impuissant, avec ces étrangers, il en devenait malade.
Le silence se fit durant plusieurs secondes et les trois membres de la famille échangèrent un regard intéressé. Adam était en meilleure possession de ses moyens depuis qu’il avait reçu ses instructions et étalé sa culture.
Anton poursuivit :  « Pour l’instant, l’accalmie nous épargne mais la tempête a déjà commencé. Nous avons un plan pour nous tirer de cette situation et atteindre nos objectifs en douceur.Si tu le souhaites, je peux te l’expliquer. Lève-toi et viens me rejoindre. Vous deux, accomplissez ce qu’il faut, s’il vous plaît. »
Les enfants se levèrent, synchronisés, et allèrent accomplir leur tâche pendant que Norman rejoignait Anton. »