Je suis né -de parents nés en Italie- à Mont-Saint-Martin à quelques centaines de mètres de la frontière belge, à quelques kilomètres du Luxembourg, dans une région frontalière en partie annexée puis totalement occupée par l’Allemagne. Après les défaites de 1870 et 1940. Une région lorraine submergée par des vagues successives d’immigration européenne puis africaine, dont celle des trente glorieuses de mon enfance et adolescence. Les voyages précoces à travers le monde, la pratique sportive compétitive, ont accentué une  » division  » née de mon éducation familiale – père communiste mère catholique – et des rencontres du destin.

Extrait

Notre histoire a commencé par un pull à rendre la rue maboule, mais tu ne m’avais pas autorisé, lors de cette première rencontre dansante, à glisser mes mains pour vérifier si tu étais toute nue sous ton tricot bleu marine.
Il m’avait fallu des semaines de mensonges sur l’avancée de l’heure exacte de nos soirées et la promesse de quitter ta chambre universitaire au dernier moment autorisé aux garçons, pour parvenir à tenir jusqu’aux dix coups de 22H,
Afin de faire de toi une complice obligée de mon irrespect du règlement, qui risquait d’occasionner ton exclusion, si j’étais découvert. Pas question de profiter de l’avantage acquis sans fair- play, d’une nuitée gratuite et imposée, au chœur de ton alcôve, embaumée d’une tiédeur sentant bon le parfum de ton corps.
Assis au bord du lit c’était possible, la position était déjà avantageuse pour t’explorer des yeux, des mains, des lèvres, et m’aventurer sur des surfaces voluptueuses, chargées d’électricité brûlante, dont tu m’interdisais l’accès en public.
A cette intimité exquise tu fixais encore des limites par des superpositions textiles, qui faisaient barrière à mon impatience, mais pas à ma curiosité.