On ne se méfie jamais assez de ses parents, derrière ce titre volontairement polémique, et en dépassant l’étude de la pression parentale qui soudain s’abat sur nous et est le formatage initial de notre vie, si l’on y adjoint la société, la religion, la tradition, il s’agit, à travers cet ouvrage, au ton provoquant et vigoureux, de se poser la question générale de la liberté de l’être humain…
Sommes-nous des êtres libres ?
Nous la voulons cette liberté, nous la revendiquons, nous nous battons pour elle, nous pensons parfois la saisir, là… une impression de légèreté, mais y parvenons-nous vraiment quand on analyse tout ce qui concourt à conduire nos comportements ? Tout ce qui influe sur nos choix ? Ou faut-il rejoindre le philosophe Spinoza quand il dit : « Ce que l’on nomme liberté, c’est l’ignorance en laquelle nous sommes des causes qui nous déterminent ».

La naissance
Est-ce que l’on a conscience de tout ce que l’on dépose, en cadeau de bienvenue, dans le berceau de ce nouveau passager de la vie ? Toutes ces caractéristiques qui font l’humain et qui sont installées autour de lui… La mère inquiète et le père autoritaire, ou le père inquiet et la mère autoritaire, la famille et son histoire, et les frères, les sœurs, peut-être ! Et les grands-parents ! Les oncles, les tantes… Tout cet assemblage hétéroclite dont vous êtes maintenant un élément de la lignée…
Le décor est irrémédiablement planté… cela s’engouffre dans le cerveau encore vide de cet être qui vient de débarquer… Toutes les cases sont libres… il est uniquement habité par les lointaines rumeurs utérines qui, dans son obscurité liquide, sont parvenues jusqu’à lui… La grosse voix de Papa, celle plus fluette de maman, les rires de leurs soirées entre amis, la musique, l’écho des vibrations de la rue et le goût changeant du bain amniotique… Neuf mois à être aveugle coincé dans ces premières alertes.
Et maintenant, arrivée à la maison ! La maison de ces deux humains ! Bruits, lumières. Leur maison ! Vous allez peut-être vous imaginer que c’est chez vous… mais non, on n’est chez soi que dans son corps, vous serez toujours chez eux. Vous voilà soudainement submergé par des stimulations nouvelles les plus diverses. Un cataclysme d’apocalypse ! Impossible de repousser… impossible de faire front, impossible de s’échapper !