Qu’en est-il des conditions mystérieuses qui entourent la naissance, ou encore quel pourrait être le but de l’existence ? Bien d’autres grandes questions proposent ici d’intéressantes réponses. Ainsi, la sexualité, vous en pensez quoi ? Attendez-vous à quelques surprises…

Ce livre développe une enquête époustouflante sur la conscience qui se retrouve éclairée sous des angles constamment renouvelés. Le récit, tout d’abord léger, s’enfonce peu à peu dans des niveaux de plus en plus denses.
Ces révélations, exceptionnelles par leur originalité (parfois d’une époustouflante étrangeté) et leur exotisme (on rit et on pleure en même temps), esquissent l’empreinte d’une réalité digne des plus sérieuses interrogations où le Temps occupe la première place.

Extrait

Chapitre 4 — RAZ DE MARÉE — Août 1991 (pp 47-48)

Silencieux, paisibles, nous attendons les instructions d’Élisabeth. Devant nous, le décor semble tout droit sorti d’un songe. Si proche qu’elle paraît aisément accessible, la barrière verticale des Grandes Jorasses où s’accrochent mille reflets de lumière. Au pied de la paroi, le glacier du Mont Mallet, masse scintillante dominée par l’arête aiguë de la Pointe Walker du haut de ses 4208 mètres.

La démesure indicible de ce paysage irradie une mystérieuse énergie qui démultiplie la majestueuse unité de son incomparable cohérence. Tout ici pousse à surpasser ses propres limites et on aspire à se confronter à l’impossible pour surmonter les forces hostiles de la nature en éprouvant les dimensions de l’univers. Par le lien au monde retrouvé à travers l’exaltation des sens, on pressent l’accès à la jouissance sublimée d’une quête à la fois physique, poétique, mystique.

Là-haut, tout au-dessus, enserrant l’orgueilleuse montagne dans son écrin de velours, le ciel. Le ciel si bleu. Si furieusement bleu. L’intensité acérée de ce bleu est restée imprimée dans ma mémoire comme une blessure.
Moments exquis d’une voluptueuse intensité. Les corps frissonnent de joie, les têtes bourdonnent d’allégresse, les cœurs tressaillent de reconnaissance pour la grâce de ce somptueux privilège[1]. Nous pouvons oublier toutes les incertitudes et remonter le temps, car ici nous sommes d’éternels enfants.

Tout de même un peu engourdi par l’étrange sensation de torpeur qui paraît s’exhaler directement de l’air cristallin, le groupe est à l’écoute de la voix complice d’Élisabeth qui nous fait face. Elle aussi semble émue, touchée à son tour par l’étrange irradiation qui s’est massivement installée. Elle se retourne en direction de l’imposante muraille, pointe le doigt vers les hautes cimes :
– Regardez !… Regardez, devant vous, cette ligne de crête aiguisée, impassible, hérissée d’arêtes vives à pic de la paroi… Parcourez-la du regard, très lentement… voyagez avec vos yeux sur cette scie effilée vertigineuse… impitoyable… sans vous presser, surtout prenez bien votre temps, savourez la beauté de l’instant…
Un mot s’est aussitôt imposé à moi : impossible. Non Élisabeth, je ne peux pas le faire. C’est impossible ! Submergée par une irrépressible émotion de détresse, j’ai tout de même tenté encore de suivre l’injonction, mais mon regard, qui essayait désespérément de s’accrocher à la redoutable crête fuyait constamment, aveuglé par l’éclat d’un insoutenable rayonnement. Étrangement, les yeux ouverts ou fermés ne faisaient aucune différence et je contemplais derrière mes paupières serrées, un phénomène exceptionnel dont je me retrouvais malgré moi le témoin désemparé.

[1] Ce lieu miraculeux n’existe plus. L’espace et le temps qui nous en éloignent se mesurent à l’épaisseur des neiges et des glaces aujourd’hui disparues.