Ce livre est un témoignage tiré d’une histoire vraie et personnelle. Mon objectif est de donner une voix aux personnes ayant vécu ou vivant des situations d’injustice similaires, afin qu’elles ne se sentent pas seules. Aussi, de réduire, voire d’éliminer, les injustices et d’encourager l’évolution des procédures de l’aide social à l’enfance.

Ce récit touchant s’adresse aux parents, jeunes parents, futurs parents et familles, de 20 à 99 ans. Il s’inspire de notre propre histoire et de l’injustice que nous avons subie avec notre fils.

Extrait de  L’enfer d’un parent  de Jennifer Lartigaut

J’entre dans une salle où je vois cinq autres personnes, des infirmières et la médecin, Madame C.. On me demande m’asseoir. Une femme prend la parole, se présente comme étant la chef de la protection à l’enfance de Sigean, Madame A., et me présente également l’assistante sociale, Madame N.. Elle m’annonce que le procureur a décidé de te placer en famille d’accueil par sécurité, même si les examens n’ont rien donné. Nous serons interrogés par la police et convoqués devant le juge des enfants pour déterminer quelle décision sera prise. Madame C. me dit : « On a fait notre travail. » Je lui réponds : « Nous n’avons rien fait, vous faites une erreur. »
À ce moment-là, le monde s’écroule, je n’arrive plus à retenir mes larmes. On me propose, au lieu de te placer en famille d’accueil, de partir avec toi en centre parental, sans ma fille ni mon mari, et de choisir entre ta sœur et toi. J’ai trouvé cela horrible de devoir choisir entre mes deux enfants. Leur dernière proposition était de séparer nos deux enfants de leur papa, ce qui était impensable.
Je leur ai dit que le « choix » qu’elles me laissaient était impossible et que je ne pouvais pas choisir. Je sors de la salle avec Madame A. et Madame N. ; elles me parlent mais je ne suis pas vraiment là. Puis, dans le couloir, j’entends tes cris. Je m’effondre. En rentrant dans la chambre, je te prends dans les bras, je te serre contre moi. On me dit que j’ai cinq minutes pour te dire au revoir et faire mes affaires.
Je suis complètement perdue, je ne sais plus quoi faire, que dire, à part pleurer toutes les larmes de mon corps. Je te dis qu’on t’aime, qu’on fera tout pour te récupérer, tu pleurais en même temps que moi. Je donne tes affaires à l’assistante sociale pour la famille d’accueil ; elle me demande de te donner un tee-shirt avec mon odeur pour te réconforter. Je leur demande s’il est possible d’attendre que ton papa arrive pour pouvoir te dire au revoir, car nous ne savons pas quand nous pourrons te revoir, mais on me répond que ce n’est pas possible et que je dois sortir de l’hôpital.