Paris XI déroule une machination machiavélique contemporaine dans le XIè arrondissement de Paris. Victor, fleuriste au Père-Lachaise, « uniquement pour les morts », et son ami Bruno, « expert en aquamation », au même endroit, seront le fil rouge qui se déroulera du Bataclan, passant les quais de la Seine jusqu’aux catacombes et leurs fêtes secrètes érotiques. Comme l’araignée tisse sa toile, ils seront happés par d’invisibles et redoutables forces de tous bords. Parfois hilarantes, terrifiantes et oniriques, les situations s’enchaînent sans répit pour ces personnages dans l’air du temps.

David, le joaillier thérapeute, et François, son élève rabelaisien cadre sup désabusé, en seront pour leurs frais. L’amour pluriel surfe sur les personnages dans un Paris EST qui depuis des siècles alterne révoltes sanguinaires, névroses, jouissances de l’instant pour une population hétéroclite.

Toutes les pièces du puzzle s’emboîteront sous nos yeux impuissants pour une frappe secrète sous d’autres contrées. Bienvenue dans le quartier !

Extrait de Paris XIe par David Just

« – « Ces messieurs ont-ils fait leur choix ou désirent-ils un peu de temps pour réfléchir ?
– On est prêt ! », lance joyeusement Victor, faisant claquer son menu, hésitant in extremis entre deux plats.
Comme un chien d’arrêt, le serveur fixe son carnet, dévisage la tablée avec une certaine absence. Gêné, il tousse dans son poing qui doit flirter avec la livre. Le chef de rang, en retrait de quelques pas, lui fait signe de la main et des sourcils pour ajuster la chaise de Bruno. Après un rapide coup d’œil à gauche puis à droite, le serveur s’approche de Victor.
– « Vous êtes le monsieur des fleurs ?
– Oui, au Père-Lachaise, en effet. Pourquoi ? »
La réponse fait l’effet d’une bombe sur le serveur, qui écrase son carnet dans sa main poilue. Du revers de l’autre main, il s’essuie le front, des larmes lui gonflent les yeux. Victor, qui a terminé la bouteille, capte un regard de commis dans la glace et commande sa sœur jumelle qui arrive aussi sec, le goulot roulé dans un tissu blanc. La gorge nouée, le serveur se racle le gosier, sort de son mutisme.
– « Je me souviens de vous et de cette glaciale colline boisée en hiver et de ma pauvre Lucienne partie si vite, si vite, en fumée !
– Vous m’en voyez navré, cher monsieur. En effet, votre visage, je me disais…
– Vous avez été si gentil avec son chien, le pauvre.
– Ah ? Oui, servez, servez donc, le second verre également.
– Un chien orphelin si jeune, il ne s’en remettra jamais. Pauvre bête qui ne la promènera plus. Elle aimait tellement le quartier, ses squares, Poupette, la coulée verte… Excusez-moi, je m’égare. »«