Ce livre met en scène les différents mécanismes de l’engrenage que tisse le pervers narcissique autour de sa proie. On découvre au travers des yeux de l’héroïne comment sans le savoir elle est tombée dans un piège infernal dont rien ni personne ne peut la délivrer sinon elle. Or, pour arriver à fuir, il faut se libérer avant tout de l’emprise mentale qui la paralyse, de la peur et de la honte.

On entend de plus en plus parler des pervers narcissiques, et ces termes sont collés telles des étiquettes sur bon nombre d’hommes et de femmes –parfois à tort-. On constate qu’ils procèdent tous de façon plus ou moins similaire et que l’issue de secours paraît souvent inaccessible aux victimes parfois incomprises, étant donnée l’image idéale créée autour de leur couple par le pervers, justement.

Extrait

« Il ouvre la porte d’entrée et elle le devance en se plantant devant l’ascenseur.

– Reste avec moi, je t’en supplie.

Elle se laisse tomber à genoux devant lui, ne pouvant réprimer les sanglots qui l’envahissent et font tressauter ses épaules. Elle a de la morve partout sur le visage, du sang jusque sur le menton, elle est épuisée, à bout. Ce n’est pas possible qu’il l’abandonne, elle ne veut pas le perdre. Tant pis pour l’égo et la fierté, elle les a piétinés et ensevelis depuis longtemps, par amour. Il s’est arrêté et n’a pas encore appuyé pour appeler l’ascenseur. Romane distingue une hésitation dans le regard du jeune homme et en profite pour baisser les yeux et murmurer à nouveau : « Je t’en supplie, je suis perdue sans toi. »

Le commun des mortels, extérieur à la situation, pourrait avoir envie de la secouer, d’intervenir et de lui dire que c’est la chance de sa vie, s’il résiste et assume sa décision jusqu’au bout. Il lui dirait que c’est une opportunité inespérée, qu’ils n’ont pas d’enfant, qu’elle a presque trente ans et est encore jeune, qu’elle a toute la vie devant elle. Mais ce serait nier l’emprise totale qui l’enserre depuis leur rencontre. Cette emprise, c’est un bracelet électronique invisible, mais bien présent. Il est aussi vrai que les crises d’angoisses qui apparaissent en plein milieu de la nuit. On ne peut pas faire comme si elles n’avaient pas lieu.
Cette étreinte de fil barbelé qui mord la chair n’est ni une invention ni un prétexte utilisé par des filles stupides pour expliquer leur attachement à un bad boy. C’est plus profond que cela. Romane, à genoux devant un homme qui la méprise, qui s’est transformé en crapaud alors qu’au départ il s’est présenté comme un prince, ne peut pas concevoir une seule seconde une existence sans lui. C’est pour cette raison qu’elle écrase elle-même le peu d’amour-propre qui lui reste. »