Description
Frédérique, mère d’une famille nombreuse recomposée, plutôt bobo parisienne et loufoque à qui tout sourit, perd pied le soir de Pâques. Son fils Paul refuse catégoriquement de présenter son amoureuse espagnole et s’embarque à raconter une histoire abracadabrante tout en préparant sa fuite en Espagne pour vivre son idylle. Durant le déjeuner de Pâques, toute la famille le harcèle et le dissuade de quitter Paris. Lorsque les invités ont quitté la table, à bout d’arguments, il annonce l’inimaginable à sa mère dans un cri de désespoir.
C’est un vrai tsunami qui s’abat sur Frédérique, anéantie, détruite puis révoltée, elle pense être seule responsable. Après avoir utilisé tous les moyens possibles en France et restés sans effets pour lui et pour elle, elle décide de partir en guerre… Son combat irrationnel dépassant l’entendement l’emmènera jusqu’en Espagne à la rencontre de l’autre, au seul but de tout dézinguer et de sortir son fils de là…
« Ce samedi, nous avons pris le périphérique jusqu’à l’aéroport sans un mot.
En arrivant devant les départs internationaux, j’ai mis mes lunettes de soleil, signe de la petite montée d’adrénaline qui m’indispose à chaque séparation, comme si l’accident fatal serait pour eux. Mes enfants le repèrent à tous les coups. Aujourd’hui, l’émotion est bien plus vive qu’à l’accoutumée. Mon intuition de mère me dit que Paul me ment ; qu’il part vers je ne sais quoi, et qu’il prend des risques dont j’ignore la teneur.
Rapidement, il descend de la voiture, attrape son sac dans le coffre, se penche à ma portière, le sourire éclatant de l’amoureux qui n’a qu’une envie ; filer au plus vite avec si possible l’absolution de la mère. Incapable de le regarder partir, tête baissée, cramponnée au volant, je reste là. Un relent de compassion le fait taper à ma vitre.
— Ma- Man !
— Tu vas pas craquer. Eh ! Eh ! Arrête ! J’pars pas au Bangladesh non plus ! T’inquiète pas pour moi, ça ira. Je t’appelle demain, promis. Embrasse les petits.
Il a senti mon incapacité à lever le nez pour le suivre. Mal à l’aise, il revient sur ses pas.
— Oh ! Oh ! Ma-man ! Je serai là pour le bouffement de Pâques. Allez ! Bisous, Mam, rentre vite !
Avant qu’il ne s’engouffre entre les deux battants vitrés de la porte des « Départs », son sac en travers sur le dos, il se retourne à nouveau, la main en l’air et le sourire jusqu’aux oreilles. Il ne m’en a pas fallu plus, pour qu’une flopée de larmes pourtant bien contenues sous mes lunettes jaillissent le long de mes joues. À quoi joue-t-il ? »