Âme généreuse au cœur infini, ma vie et celle de mes enfants ont définitivement sombré dans la pénombre, le jour où j’ai rencontré cet homme…
Ce livre vous ouvre une porte sur mon histoire et celle de mes petits, avec autant de sincérité et de transparence qu’il m’est possible.
Des amours destructeurs, puis un amour fou, aveugle et sourd, baignés de rouge et voués à une tragédie.
Une descente aux enfers dont aucun de nous trois ne voyait d’issue, sinon tragique.
Puis, ce rayon de soleil : trop lointain pour l’atteindre sans douleur, mais assez présent pour qu’on tente de s’y accrocher et de se hisser vers la survie.
À travers les tempêtes et les échecs, la tête toujours haute, le cœur bien accroché, luttant pour ne pas perdre pied, une femme réussit, grâce à l’amour de ses enfants, à tout surmonter.
Entre violences, désarroi, placement et jugement, une spectaculaire victoire, malgré des traumatismes profonds.
Ce projet est très important pour moi, non seulement parce qu’il marque l’aboutissement de ma reconstruction et de cinq années de travail, mais aussi parce qu’il est écrit avec amour et bienveillance.
Il aspire à aider – tant les victimes que leurs proches ou les professionnels – en apportant un témoignage immersif et percutant.
Je souhaite, à la suite de ce livre, organiser un maximum de rencontres avec les personnes concernées – victimes, aidants, acteurs sociaux – et j’espère qu’il contribuera à faire évoluer les mentalités.
Enfin, mon but ultime est de donner de l’espoir : quelles que soient les épreuves, chacun possède en lui une force surhumaine pour s’en sortir. Seules comptent la détermination et la résilience.

Assise à ma table, le temps défile. Mon esprit en alerte espère qu’il puisse apporter à moi un miracle, une solution magique, une illumination. Une porte claque en bas. Il arrive. Mon regard fait rapidement le tour de la cuisine. Vite, vérifier que le repas cuit bien, que tout est rangé, que les traces des disputes du matin ont été effacées par l’heure de ménage qui a succédé à son départ.
Un peu d’eau sur mes yeux et le temps de relever la tête, je sens sa présence à côté de moi. Respire.
Normalement il n’a rien à te reprocher. Contrôle-toi, il ne faut pas qu’il te voie trembler. Un sourire forcé sur les lèvres, je lui demande s’il veut s’asseoir et lui assure que c’est bientôt prêt. Son regard à la fois noir et joueur me fixe profondément. Mon cœur bat si vite, ma tête commence à tourner, je dois reprendre le dessus sur mon esprit qui s’évade. Un café servit après l’avoir invité à se mettre à table, et je sors souffler un peu en prétextant aller ranger. Respirer, ne pas trembler, ne plus penser, gérer son calme et son corps qui veut tomber.
Encore une journée, comme les autres, qui a commencé entre insultes et humiliation. Mais je ne suis pas nulle, je fais tout de mon mieux, il finira par le voir. Ne cède pas à l’aliénation, ne courbe pas sous le poids de ses mots. Aujourd’hui tout sera parfait et un peu de répit sera offert à mon âme.
J’entends ses pas. Il arrive. Il est tout proche, je ressens encore sa présence. Cela fait seulement deux jours qu’il a retrouvé notre adresse. Deux journées que j’attends la fin de ma vie. Que je la sens approcher inexorablement. Deux nuits, que je dors épuisée, forcée de constater que je ne trouve aucune solution pour nous échapper. Mais pris dans ce piège si bien ficelé, je le sais, je ne sortirai plus indemne. Sauver mes enfants désormais être ma priorité.
Quitte à sortir les pieds devant, car c’est le plus probable selon mes constats et mes pensées, troubles.
Respirer, réfléchir, cesser de trembler, sourire, comme si de rien n’était, et surtout… Survivre.