Le sujet de mon mémoire est le coaching en milieu carcéral en vue d’une meilleure insertion sociale. Je l’ai intitulé S’affranchir des codes. Un titre qui a plusieurs sens : s’affranchir des codes de la justice, car l’emprisonnement est une sanction encadrée par des textes de loi (code pénal, code de procédure pénale), mais aussi s’affranchir des codes de la rue. Car l’Insee a déterminé que le profil sociologique majoritaire en milieu carcéral est la classe ouvrière. La logique traduit cet état de fait par : classe ouvrière = pauvreté, et pauvreté = quartiers populaires. La concentration de cette pauvreté crée des secteurs où se cultiver est généralement relégué au second plan à cause des conditions de vie difficiles, favorisant l’expression de la violence ainsi que l’escalade de la délinquance. Mais d’autres éléments, tout aussi peu connus du grand public, sont également des obstacles à cette insertion. En effet, la maladie mentale est très répandue dans la population carcérale. De plus, une étude des urines de certaines prisons a mis en évidence la consommation régulière de cannabis dans ces établissements.

C’est là qu’intervient le coaching par le biais de l’ANVP, une association qui offre à ses bénévoles la possibilité d’entrer régulièrement en contact avec la population carcérale. L’idée est d’inciter les détenus à mettre en place les démarches qui répondront à leurs besoins spécifiques d’insertion sociale (santé, logement ou emploi), et installer chez eux une motivation pérenne qui leur permettra de mener ces projets à terme.

Ma vision répond parfaitement à cette nécessité d’accorder l’institution et la population carcérale. L’action ne vient pas remplacer mais bien compléter les accompagnements déjà présents. De plus, la dimension de l’ANVP permet de déployer la pratique du coaching en milieu carcéral au niveau national. Le cheminement pour y accéder est à la portée de n’importe quel coach certifié, et les bienfaits pour la société compensent sa gratuité par la valorisation de ce métier qui est désormais le mien.

Extrait de S’affranchir des codes par Rodrigue Dibanzila

« En résumé, chaque spire montante indique la survenue d’une version plus élaborée de ce qui existe déjà, chaque niveau d’existence étant un produit de son temps. Et ces paradigmes forment des spires correspondant à une complexité croissante chez une personne, dans une famille, une organisation, une culture ou une société. En chacun, plusieurs coexistent en permanence mais les conditions de vie déterminent toujours une dominance. L’analyse du modèle culturel que j’ai décrit précédemment fait émerger 3 paradigmes de la dynamique en spirale :

• Une dominance rouge

Alexandre le Grand, Jules César… Les conquérants qui ont marqués l’Histoire étaient tous habités d’une ambition les rendant égocentrique. C’est ce qui va caractériser cette prépondérance chez la grande majorité de détenus qui nourrissent la même vision. Le manque de culture favorise l’expression de la violence et les inégalités vécues comme une injustice ont créées le besoin de conquête sans limite.

• Un cadre bleu

L’ordre implique un code de conduite basé sur des principes absolus et éternels. Une caractéristique qui résume parfaitement l’influence de ce paradigme sur l’État et ses institutions. Le système pénitentiaire est la plus sévère des réponses à la transgression de la loi, l’obligeant à une rigueur absolue afin de punir et de dissuader la réitération.

• Une aspiration orange

La réussite matérielle, être heureux, avoir du succès et de l’influence… Autant d’objectifs poursuivis par cette quête du profit faisant prendre tous les risques. Un besoin manifeste d’élever son statut social et d’investir dans la pérennité afin de pouvoir jouir pleinement de son existence.

Des informations précieuses quand on sait l’utilité de cet outil pour accompagner un changement souhaité. Il permet d’en déterminer la nature (passage ou non à un autre paradigme) ainsi que son cheminement (en cas de passage à un autre paradigme, la transition doit se faire en respectant l’ordre de la spirale). Mais il permet aussi au coach de s’adapter à son client en choisissant avec acuité son mode d’intervention et sa communication ; un atout non négligeable pour faire ses premiers pas en milieu carcéral. »