Description
Davantage habillée fashion, pour une soirée rooftop sur les Champs que pour une escapade en montagne, Sophie n’en finit plus de se perdre dans l’immensité d’une forêt vosgienne où elle ne devait s’arrêter qu’un instant. Son existence légère bascule dans un cauchemar bien réel lorsqu’elle croise sur son chemin le sinistre destin du Caméléon.
Serial killer d’une intelligence hors-norme, le psychopathe sanguinaire porte son nom comme le gant de la mort. Pervers manipulateur d’excellence, il s’attribue des rôles, toujours diaboliques, aussi éclectiques que gourou d’un village d’altitude, chef d’un clan de bikers ou jetsetteur au charisme ambivalent.
Tandis que l’enquête des gendarmes s’enlise, Sophie, entourée de deux autres victimes ayant échappé aux filets funestes du Caméléon, se lance aux trousses de son bourreau. La course-poursuite est lancée. Elle emmène ses protagonistes des contreforts des Vosges aux rives de la Méditerranée.
Tout au long de cette chasse macabre et haletante, la noirceur et la démence du tueur s’amplifient pour révéler au grand jour la complexité psychologique insensée d’un être irrémédiablement maléfique.
« — Alors ! On ne peut plus assassiner des gens tranquillement ? Qui es-tu ? Que viens-tu faire chez moi ? Tu veux l’absolution ? Réponds !
Henry grimace de douleur.
— Je fais des photographies d’animaux sauvages et je me suis perdu.
— Oui et moi je suis la reine d’Angleterre et je vais donner à manger aux corbeaux dans la tour de Londres. Depuis quand, lorsque l’on est paumé, au lieu de frapper à une porte, on s’emmerde à monter sur un billot de bois pour mater chez les gens ?
L’homme a fait le tour de la table et vient se planter en face d’Henry, à côté de ses deux victimes. Ses yeux aux pupilles dilatées brillent d’une intensité malsaine. Sa longue silhouette, sa robe noire, comme ses cheveux et ce regard si perçant, si mauvais le font ressembler à un personnage de bande dessinée fantastique. Ses doigts fins se posent sur l’épaule de la vieille femme dont la tête tombe vers l’avant faisant tressauter son énorme poitrine. À ses côtés, son compagnon de mort paraît immense. Son cou de taureau semble supporter un visage lunaire trop petit. Ses yeux reflètent la bêtise et la surprise.
— Mais, je ne vous ai pas présentés. Ça, c’est la brave Suzanne et lui, c’est Julot, son fiston. Ils sont, enfin, étaient, à mes ordres depuis des années. Fidèles, corvéables à souhait… Mais là, j’ai dû m’en séparer.
Les temps sont durs et l’évêché ne me rémunère pas à la hauteur des services que je lui rends. Non, je plaisante. Je m’en tape de l’évêque et de sa clique de bouffeurs d’hosties. Pour tout dire, malgré mon habit, je suis plutôt de l’autre côté. Si tu vois ce que je veux dire. Tu ne t’es toujours pas présenté, le photographe de souris. T’inquiète pas, je vais le savoir tout de suite.
L’homme tire sur l’anorak d’Henry, fouille ses poches et finit par tomber sur son portefeuille.
— Voyons voir… Tiens, tiens, tiens, un journaliste qui va rater le scoop de sa vie. Comme c’est dommage, tu n’as vraiment pas de chance. Tu as devant toi un serial killer qui vient de dégommer… Attends que je réfléchisse. Bon, je compte uniquement cette année. Les deux flics, les deux abrutis derrière moi. Ha oui ! L’ami Georges, mais ça, ce n’est pas du jeu, en fait, ce n’est pas vraiment moi. Ça nous fera quand même, six morts avec toi. Je vais te faire une confidence. Je ne pense pas que je vais m’arrêter là. »