Tam-Tams, Troubadours et Blanchitude

Producteur et réalisateur Gérard Theobald s’exprime principalement au travers du film documentaire sociétal sur la diversité en politique de l’extrême-droite au Parti communiste français. Sa riche filmographie s’est plusieurs fois vue sélectionnée au FIPA. Fondateur du site 4Tan (www.4Tan.eu) qui traite de la négritude par la photo, le film et le texte, il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages aux sujets divers. Comme vous le savez, la culture s’est vue tétanisée ces dernières années et malgré le talent, les auteurs comme d’autres se confrontent à une économie souffrante dont il faut savoir s’affranchir. Dans ce sens, pour son nouvel ouvrage « Tam-Tams, Troubadours et Blanchitude », Gérard se réinvente et nous propose de l’aider à faire de sa parution prochaine un succès.

 Concrètement, 

 Que faut-il faire ?

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  • Lors de séances de dédicaces, l’auteur Gérard Théobald vous dédiera une mention personnelle en tête du livre
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Projet terminé

Comment expliquer les parcours de Dieudonné, de Kemi Séba et des frères Kouachi ou d’Amedy Coulibaly ? Leur évolution vers une pensée remplie de haine, de violence et de rejet de l’autre ? Comment expliquer leur radicalisation ?

Il faut reprendre l’histoire à son début et dérouler le fil peu à peu, lentement, méthodiquement. Tam-Tams, Troubadours et Blanchitude resitue tous les évènements sur l’échelle du temps et les analyse en fonction du contexte politique de l’époque. Les faits sont disséqués pour donner au lecteur l’occasion d’apprendre et de comprendre.

La traite des Noirs, la colonisation, la toute puissance supposée des Blancs, les compromissions, les petits arrangements entre amis, les amalgames, la paresse intellectuelle qui s’opposent aux combats de certains pour l’égalité. L’époque actuelle de discorde, d’ignorance et de confusion malmène. La classe de « l’intelligence » a perdu ses repères. Elle s’est effondrée.

L’abandon profitera aux mystificateurs, aux populistes et aux opportuns du jour. L’Histoire n’est pas le passé, elle est le présent, chacun de nous la portons accompagnée de nos mémoires, de nos histoires. Ainsi, nous devenons l’Histoire. Prétendre le contraire inscrit dans le mensonge.

Le monde n’est pas blanc, il ne l’a jamais été, il ne peut l’être. Le blanc est une
métaphore du pouvoir, il est juste une manière de décrire le capital…

Extrait

Principe d’égalité 

La nuit est le moment tranquille pour vivre. La vie apparaît autrement. Elle est presque silencieuse et lumineuse. Des points de couleurs rouge, jaune, vert, bleu et blanc parsèment et égaient cette nappe marine qui s’étale dans les profondeurs de l’horizon. Dans ces instants, il y a une douceur et à bien y regarder, il y a une égalité pour la majorité des personnes, elles dorment. Juste ou non, seuls leurs cauchemars les dérangeront.

Je choisis de venir au monde durant l’un de ces moments de détente active. C’était peu après quatre heures du matin, j’en ai un vague souvenir. Je n’ai pas plus de souvenir de la claque sur les fesses qui me fut donnée par la sage-femme, nom bien inapproprié pour la circonstance. Le premier accueil dans ce monde fut un acte de violence. À la réception de cette tape, je lui ai pissé dessus ! C’était une façon d’établir tant un lien d’égalité que de montrer que je pouvais déjà me défendre pour la circonstance. Le premier accueil dans ce monde ne fut pas un sourire. Tu me frappes, je te pisse dessus…

Au début de cette année 1966, il y avait eu une catastrophe industrielle [i] qui entraina la mort de dix-huit personnes et fît une centaine de blessés. Georges Pompidou était Premier ministre et vira le ministre républicain indépendant aux Affaires économiques et aux Finances qui fut jugé trop fermé à la collectivité. Valéry Giscard d’Estaing pour le nommer fut remplacé par un patriote gaulliste et père de la Constitution de la cinquième République, Michel Debré. Après le congé pour désinvolture républicaine, un odieux scandale éclatait à la face de la patrie des Droits de l’homme : l’affaire Mehdi Ben Barka. Celui-ci était chef de file du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste au Maroc où il fonda et dirigea un parti de Gauche, l’Union nationale des forces populaires. Aspirant au trône, le futur Hassan II appela à la répression contre la subversion alors que son père Mohammed V soutenait la décolonisation ainsi que le mouvement tiers-mondiste. Par ailleurs, durant la guerre d’Algérie, ce dernier avait aidé le Front de libération nationale, avait soutenu Patrice Lumumba et le Mouvement national congolais lors de l’indépendance du Congo belge. L’ambition du prince étant étriquée, Ben Barka s’exila à Paris.

En 1961, à la mort de son père, Hassan II montait sur le trône et annonça vouloir faire la paix avec son principal opposant. En mai de l’année suivante, Ben Barka rentra au Maroc. Un an plus tard, il fut accusé de complot contre la Monarchie. De nouveau, ce fut l’exil. Il devint nomade et commis-voyageur de la révolution. Il voyagera à Alger où il rencontra Che Guevara, Amílcar Cabral et Malcom X. Il s’en alla vers le Caire, Rome, Genève et la Havane. À Cuba, il présidait la commission préparatoire de la Conférence tricontinentale [ii] devant se tenir en janvier de ma fameuse année dans la capitale cubaine. Cette rencontre devait fédérer les mouvements contestataires du tiers-monde dont les deux courants de l’insurrection mondiale : la révolution d’Octobre et le soulèvement national libérateur. Ben Barka y définit les objectifs, parmi lesquels l’aide aux mouvements de libération, le soutien à Cuba soumis à l’embargo américain, la liquidation des bases militaires étrangères et l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud. Cependant, le 14 mars 1964, il fut condamné à mort par contumace avec Cheikh el-Arab [iii] pour complot et tentative d’assassinat contre le roi. De retour à Paris, il disparut durant l’automne 1965 sur les Champs-Élysées après avoir été sommé par des personnes d’autorité et porteuses de carte de police de monter dans leur véhicule.

 

[i] Le 4 janvier 1966, une explosion se produisit à la raffinerie de Feyzin engageant l’évacuation des quartiers avoisinants qui furent très endommagés. Cette catastrophe est considérée comme la première catastrophe industrielle en France.

[ii] Le 15 janvier 1966, plus de 500 délégués furent réunis afin de créer un réseau de solidarité révolutionnaire entre les peuples du tiers-monde.

[iii] Né en 1927 à Agouliz, Cheikh el Arab alias Ahmed Agouliz fut un nationaliste et ancien combattant marocain de l’Armée de libération nationale qui marqua l’histoire du Maroc après l’indépendance. Condamné à mort par coutumace avec Mehdi Ben Barka, pour complot et tentative d’assassinat contre le roi Hassan II. Il fut abattu le 7 août 1964 à Casablanca par des policiers.

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