Description
C’est après de longues conversations avec ma famille espagnole des Asturies et des recherches sur la guerre d’Espagne que j’ai pris la décision d’écrire Te amo.
Petit-fils d’un mineur anarchiste des Asturies, Louis Fernandez qui, en 1922, préféra s’exiler dans le sud-ouest de la France plutôt que d’affronter les affres de la police du gouvernement, j’ai eu envie de raconter l’odyssée de dix années d’un mineur asturien et d’une jeune et jolie bourgeoise espagnole.
L’insurrection de 1934 va les rapprocher, la guerre civile de 1936 les séparer, puis le conflit mondial les éloignera l’un de l’autre à travers toute l’Europe en feu et à sang. Te amo n’est pas seulement une histoire d’amour entre Rufino et Angélina, c’est aussi celle du déchirement d’un pays que j’ai illustrée par des faits réels.
« Angélina rampait dans les égouts, des rats gros comme des petits chats la regardaient et décampaient apeurés en se sautant les uns sur les autres, quand elle le pouvait, elle marchait courbée sur le minuscule parapet pour ne pas toucher l’eau pourrissante dont l’émanation lui donnait des hauts de cœur.
En se demandant si c’était le bon passage, elle choisit les goulets qui diffusaient un peu de clarté au loin, ces égouts devaient bien avoir une sortie, se dit-elle, un rat plus agressif que les autres lui barra le passage, alors elle se laissa glisser dans le ruisseau nauséabond, et nagea dans le flot écœurant, par moment un habitant des égouts apparaissait et nageait à ses côtés, le relent de l’eau fétide était infect, en nageant elle s’appliquait à ne pas absorber ce liquide écœurant, l’odeur faillit la faire vomir plusieurs fois, apercevant dans la pénombre un attroupement de rats à une dizaine de mètres, elle ralentit son avancée en se demandant ce que cela pouvait être, les bêtes énormes dévoraient ce qu’il restait d’un cadavre qu’elle ne put définir en tant qu’homme ou femme, horrifiée elle prit sa respiration, et plongea dans l’eau répugnante, une fois passé l’emplacement morbide, elle sortit la tête de l’eau et considéra ses arrières, les convives n’avaient pas bougé, trop occupés à se régaler des chairs pourrissantes du cadavre, elle remonta sur le petit parapet, nullement impressionnée par les petits rats qui passaient tout près d’elle et qui n’avaient rien à voir avec ceux qu’elle avait croisés, elle ne put s’empêcher de vomir, puis elle replongea son corps dans l’eau infecte, et reprit ses brassées, quelques minutes plus tard elle aperçut la lumière du jour, ce qui la fit accélérer, les rats demeurèrent en arrière, et elle se retrouva à la sortie des égouts directement rejetée à la mer en même temps que les déchets, elle émergea et partit vers le centre en pensant qu’il fallait qu’elle trouve un moyen pour remonter vers le nord de l’Espagne et retrouver son mari s’il était encore vivant. »