Dans une Europe encore sauvage, Glenn et ses trois compagnons se confrontent à un univers étrange et mystique. Simples jouets dans les mains des dieux, ils combattent pour ce qui leur semble juste et noble. Une initiation violente qui les marquera pour toujours et révèlera leur nature profonde. Arpentez une vision rêvée d’une antiquité mal connue dans laquelle la barrière qui sépare les mondes réels et oniriques est impalpable.
Ce Roman fantastique prend place dans une Europe en devenir, cinq cents ans avant notre ère, alors que Rome n’était encore qu’une petite cité sans envergure et que les barbares régnaient en maitre sur tout le continent.

Extrait

— Tu dors Glenn ?
La voix d’Athegno m’extirpe du fleuve des songes ou je n’avais trempé qu’un bout de pied.
— Hein ? Si je te dis oui, tu me crois ?
— Tu penses que les morts nous observent ?
— Heu, en ce moment ?
— Je suis sérieux. Crois-tu que ceux qui ne sont plus regardent ce que nous faisons de notre vie et nous jugent ?
— Je ne sais pas, m’est avis qu’ils ont autre chose à faire.
— Qu’en disent les druides, ils parlent aux esprits non ?
— Le fait que les druides parlent aux esprits ne veut pas dire que les esprits les écoutent. Les défunts leur parlent, mais ils leur parlent par les actes qu’ils ont commis quand ils étaient encore vivants. Je n’ai jamais vu un mort marcher et encore moins parler.
— On raconte pourtant que cela existe, mon grand-père a poursuivi son combat alors qu’il était mort, tout le monde le sait.

— Oui, c’est vrai. On dit que certains esprits forts et puissants continuent d’agir alors que leur corps est déjà mort. Ils le font pour achever une tâche importante. Ils le font parce que les dieux habitent leur corps. On dit même que certains reviennent du monde d’en dessous pour se venger… Mais je n’en ai jamais été témoin. Crois-moi, les vivants sont plus à redouter que les morts. Athegno ne dit plus rien, il se contente de jouer avec les braises. Je sais qu’il pense à l’Allobrogilatis.
En fermant de nouveau les yeux, je vois l’image du héros, transpercé de cent lances, qui caracole devant ses ennemis du haut de son char. Il avance dans la plaine jonchée des cadavres de ses ennemis vaincus. Je le vois s’approcher de son petit-fils et le toiser durement. L’enfant, tétanisé par le regard impitoyable du guerrier posé sur lui, entend la question que les yeux inquisiteurs lui posent
: « Qu’as-tu accompli de noble toi qui est de mon sang ? »… « Rien… »
Le silence cotonneux de la neige envahit de nouveau notre refuge, donnant au monde qui nous entoure un aspect irréel. Seuls le crépitement des flammes et les hurlements des loups au loin rompent le silence. Je sens la bienveillante chaleur du feu ramper vers moi. J’abandonne mon ami à ses sombres pensées et glisse lentement vers une douce torpeur.