Tome 2 : Je suis encore vivante, alors je parle

Ma première vie que j’ai relatée dans le tome 1, la petite fille abîmée, meurtrie que j’étais est à peine perceptible aujourd’hui. Elle me rappelle le mauvais souvenir d’une enfance sacrifiée, perdue. Je ne l’ai pas oubliée, mais je l’ai laissée partir au fil de mes pages et elle s’en est allée pour toujours.

Et puis il y a ici dans ce tome 2, ma vie d’après qui m’a vue traverser un drame effroyable dépassant l’entendement que je révèle, un drame qui m’a bousculée violemment dans la noirceur de la vie de quelqu’un d’innommable et qui s’est transformé en une tragédie presque sortie tout droit du paranormal. J’ai offert ma main à un être au cœur percé, dépourvu de tous sentiments et, ignorant ce qu’était sa première maladie mais aussi et surtout, cette maladie mentale que l’on appelle « maniaco dépressive », je me suis jetée au-devant de tous les dangers jusqu’au péril de ma propre vie, pour lui. Il m’a trahie et tenté de m’enfoncer dans les abîmes de ses délires, mais sa folie qui quelquefois n’en n’était pas une, n’a pas eu raison de moi.

Je me suis débattue comme une rescapée que je suis, mais lui non plus ne me rendra pas mes jeunes années.

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Projet abouti !
Par Paloma
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A force d’avoir regardé le film de ma vie vers ce qui m’a assassinée, vers l’irréparable, je me suis brûlé les yeux. Ce retour dans le temps m’a rappelé la promesse que je me suis faite depuis le jour où j’ai emprunté la plume, celle d’arracher de mes propres mains cette espèce de poignard qui me lacère le cœur depuis toujours… De mon enfance dévastée par une sœur déséquilibrée mentale, de ma jeunesse détruite après avoir dit « oui » pour le pire, à celui qui a lâchement mis en avant sa maladie « maniaco dépressive », appelée aussi « bipolarité » pour que je trépasse avec lui, je ne me souviens que d’un champ de ruines. Pour avoir mené leurs stratégies fourbes, dangereuses, diaboliques sans même qu’ils n’expriment aucun regret, ceux-là n’auraient pas dû avoir leur place dans ma vie, ceux-là ne méritent plus aucun de mes égards, jamais.

J’ai versé assez d’encre sur mes pages, j’ai versé assez de larmes dans le vide aussi, alors je garde en moi l’espoir que mes lignes ne seront pas vaines et qu’un jour on me lira peut-être. Si un cinéaste faisait de ce spectacle de désolation un long métrage, tous ces rôles seraient à défier et ce serait pour moi, une belle revanche sur la vie. S’il me reste un petit bout de chemin à faire sur cette terre, j’aimerais que cette fois, la vie m’invite à lui dire « je suis heureuse maintenant ». L’écrit de mes souvenirs restera à jamais et j’ose émettre le souhait que d’avoir éveillé ma mémoire toujours intacte, il saura me faire oublier que l’on m’a arraché le droit au bonheur…

Extrait

« … A peine rentrés dans la petite salle d’attente du médecin bondée de patients, tous les regards se sont tournés vers nous en le fixant avec insistance. Je voyais bien leur arrogance silencieuse, ils le dévisageaient chacun à leur tour d’un air curieux et moqueur en chuchotant entre eux. Il ne se tint normalement que cinq minutes aussi, lorsque l’un d’entre eux osa lui dire : « passez avant moi monsieur », il se précipita sur lui comme une bête sauvage sans dire un mot. L’homme qui attendait son tour prit peur, se leva d’un bond et sortit de la salle en me donnant l’ordre sur un ton agressif de « le tenir ». A la fois vexée par l’allusion et paniquée à l’idée qu’il pouvait faire bien pire, je fus soulagée -enfin pas pour longtemps-, de voir la porte capitonnée s’ouvrir. Le médecin qui connaissait sa pathologie n’eut pas le temps de l’appeler qu’il se sentit poussé dans son cabinet et terriblement effrayé par les paroles abjectes de son patient : « dis-moi ce que j’ai ou j’te flingue » …

… Aussi éprouvé que moi, le médecin attrapa son téléphone et appela l’ambulance, ce que je n’aurais pas fait. Personnellement j’aurais téléphoné aux pompiers, ce que je regrette infiniment de ne pas avoir fait dès le départ. L’ambulancière déchargea le médecin rassuré de se débarrasser de cette épine qu’il nous « collait » à toutes les deux, car j’étais tenue de les accompagner. Mais quelle erreur avait-il fait ! Quoi qu’il en fût, lorsque la conductrice me confirmait nous mener vers l’hôpital en service psychiatrique, je me retenais pour ne pas pleurer. Aussi sympathique qu’elle fût, elle ne se doutait pas qu’elle transportait dans son véhicule, un malade supposé être atteint de schizophrénie comme l’avait supposé le médecin de famille. Elle discutait calmement, plaisantait aussi malgré les alertes du médecin, ne semblant pas saisir la gravité de la situation. Elle me demandait de lui exposer la raison de son internement, mais au moment où j’allais lui répondre sur sa désinvolte réaction, elle donna brutalement un coup de volant, elle-même surprise de cette mise en situation, restant figée et la bouche grande ouverte de voir le visage déformé de l’homme s’agiter tel un fauve claustrophobe, debout sur le siège arrière de sa voiture. Ce dernier l’attrapa violemment par l’épaule et s’agrippa à elle comme une sangsue. Tétanisée, elle serrait le volant de toutes ses forces pour ne pas nous envoyer dans le fossé, le visage défait et le corps presque roulé en boule, saisie par la peur. Incontrôlable, il lui tira les cheveux d’une main et saisit sa gorge de l’autre, la menaçant de l’envoyer dans l’autre monde si elle ne freinait pas en plein milieu de l’autoroute. Je craignais évidemment le pire, mais pour avoir vécu avec lui ce genre de terreur, je fis preuve d’un maximum de sang-froid, de psychologie et je réussis à le dégager, à le raisonner, juste pour quelques instants seulement. Arrivés à destination, nous sommes entrées l’ambulancière et moi en « vrac » et lui dans son monde, là où il se proclamait « Jésus » en criant « avis à la population ! » à tout va. Nous retrouvant donc tous les trois dans le hall d’un hôpital déserté, dans ce lieu insolite où il n’y avait aucune âme qui vive, anonyme presque anormal, morbide, un peu comme si nous avions été projetés dans un monde qui n’existait plus et cette sensation-là semblable à tant d’autres, je n’étais pas près de l’oublier…

Je ne demanderais donc la permission à personne de classer cette espèce d’épisode de ma vie sur le thème de l’horreur, car j’aurais défié quiconque dans tous ces moments épouvantables, de réussir à le retenir à mains nues, sans armes ni sans avoir étudié la médecine. »

 

 

  • Les étapes de création

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