Lors de ses enseignements, l’idée est venue  à Bérénice Deroin de mettre en scène les élèves eux-mêmes dans une conférence gesticulée. De là est né le premier épisode de la trilogie, Pâris sera toujours Pâris. Émerveillée par la prestation de ces jeunes acteurs, elle a eu envie de prolonger l’expérience en écrivant deux autres épisodes, Deux sur Troie et Que ferais-je sans Troie ?, à la manière des trilogies antiques.

Inspirée par son idole Eschyle, Bérénice Deroin réactualise les événements avec humour et campe des personnages qui ont perdu un peu de leur superbe. Tout cela pourrait se résumer ainsi : épique, épique… et colégram.

Extrait de  Une, Deux, Troie : Une trilogie antico-parodique en trois épisodes de quatre tableaux  de Bérénice Deroin

Hermès entre, suivi d’Aphrodite, Athéna et Héra. Il s’avance vers Pâris et le secoue violemment pour le réveiller. Les déesses restent en retrait en prenant des poses aguicheuses à l’attention du public !
Hermès. Cher Pâris, je viens vous trouver en très charmante compagnie !
Pâris, s’étirant. Ouaaaah, les belles fifilles ! Elles sont belles comme des déesses ! Mais au fait, qui êtes-vous et comment connaissez-vous mon nom ?
Hermès. Comment ça, vous ne me reconnaissez pas ? Regardez-moi, j’ai des ailes sur mon casque…
Pâris. Je sais, je sais, vous êtes ce personnage fabuleux, là… avec des super pouvoirs ! Euh…
Hermès, se rengorgeant. Oui, vous y êtes, je suis en effet tout à fait fabuleux !
Pâris. Ça y est, je sais : vous êtes Astérix !
Hermès. Qu’est-ce que c’est que ça, « Astérix » ? Mais non voyons ! Un autre indice : j’ai un caducée…
Pâris. Ah, docteur, depuis le temps que je vous attends ! Voilà : quand je lève le bras comme ça, j’ai des douleurs…
Hermès. Mais enfin ! Vous êtes très beau mais vous êtes très bête !
Pâris, d’un air béat. On me le dit tout le temps !
Hermès. Bon, je vois. Eh bien sachez, jeune berger, que je suis Hermès…
Pâris, l’interrompant. Le marchand de sacs à main ?
Hermès, s’agaçant. Mais non, on m’appelle aussi Mercure…
Pâris. Comme dans les thermomètres ? Mais je n’ai pas de fièvre, docteur !
Hermès. Écoutez, mon vieux, arrêtez de m’interrompre sinon on n’y arrivera jamais ! Je suis le Messager des Dieux de l’Olympe.
Pâris. Ooooooooooooooh !
Hermès. Eh oui, ça fait toujours cet effet-là ! Et les dieux m’ont chargé d’un petit boulot pour vous.
Pâris. Désolé, mais j’ai arrêté !
Hermès, surpris. Arrêté quoi ?
Pâris. Le boulot ! Ça ne me convenait pas, trop fatigant !