Un aller simple

de Pascal Marcel

Fils de parents métis exilés de leur terre d’origine, le Vietnam, j’ai toujours cultivé ma singularité et mes attaches à ce lointain ailleurs en lisant, me documentant et en apprenant sa musique, sa langue.
J’ai écrit au départ ce récit pour transmettre à mes enfants un témoignage sur leurs origines familiales.

Je vous propose de participer à la naissance de mon livre en m’aidant à faire de sa parution prochaine avec les Éditions Maïa, un succès. Plus les préventes seront nombreuses, plus il sera promu et diffusé. En retour, vous y graverez votre empreinte et y serez mentionnés en page de remerciements (selon accord). Vous recevrez ainsi le livre en avant-première, frais de port inclus !

 

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Évoquer l’Indochine, c’est évidemment aborder l’ambition coloniale délétère de la France, celle dont on parle si peu dans les livres d’Histoire.

© Marjolaine Đinh

Évoquer mes parents, c’est mettre en lumière le destin de deux enfants métis auxquels la France a assigné un tempo, sans se soucier ni de leurs vies ni de leurs envies. Mais c’est surtout pour moi, une ode aux rencontres. Celles qui tissent aux bouloches du temps, les instants. Celles qui font sonner les harmonies de nos vies. Celles qui donnent du sens aux mots être ici et maintenant.

∗∗∗∗

Extrait d’Un aller simple de Pascal Marcel

J’ai treize ans et je dois partir pour l’école d’enfants de troupe de Đà Lạt…

Je suis un enfant de troupe. Fini les pieds nus, fini d’être rêveur sur ma colline. Première règle, les chaussures. Depuis toujours, je marche pieds nus. J’aime sentir sous mes pieds la chaleur du sol, son humidité. Je grimpe aux arbres, je cours, je saute, je nage comme un tigre. Maintenant, mes pieds sont enfermés. J’en ai mal aux orteils, je me sens à l’étroit. Impossible de nager, de grimper aux arbres. Impossible de ressentir la terre, de virevolter. Impossible de ramer avec ses pieds, de récupérer un objet au sol sans se baisser. Mais bon, il paraît que l’on a fière allure, que l’on n’est plus des va-nu-pieds.

Deuxième règle, le vietnamien. On n’a plus le droit de prononcer un mot de vietnamien. Le sergent-chef Guettary nous a imaginé une punition qui nous rend à la fois victime et bourreau. Le seau de charbon, un gros seau rempli de charbon de quinze kilos. Si tu prononces un mot de vietnamien, tu dois porter le seau pour toute la journée, victime. Si tu croises un camarade qui parle vietnamien, tu lui donnes le seau pour toute la journée, bourreau.

Nous voilà nos pires ennemis, moi qui ne pèse que vingt neuf kilos, ce seau de quinze kilos est un supplice. Mon supplice, je pense vietnamien, je rêve vietnamien, mes émotions, mes colères, mes peines et mes joies sont en vietnamien. Mon prénom est Pierre mais Tiến, né NGUYỄN Văn, résonne toujours en moi. Mon prénom Tiến signifie celui qui avance, alors j’avance. Plus tard, dans ma vie, malgré toutes les épreuves, j’irai toujours de l’avant. Je suis Pierre MARCEL né Tiến Văn NGUYỄN. 

 

© Marjolaine Đinh

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