Extrait de Un job pendant la COVID-19 par Ervin Halilovic

« La plus belle nouvelle de la journée arriva en fin de semaine. J’appris avec enthousiasme que j’allais partir en formation CHR le mois suivant. J’étais heureux et émerveillé, je m’attendais à voir partir Sofia avant moi. Mais le responsable de Fred m’avait recommandé à l’équipe d’inscriptions de la formation. Seuls les plus méritants pouvaient partir. Fred disait toujours que j’allais vaincre tout le monde, mais qu’il fallait être patient. C’était le certificat de qualification professionnelle pour le métier de vendeur CHR. Cela me permettra d’apprendre toutes les fonctionnalités du matériel que France CHR proposait. La formation, répartie en quatre blocs de quatre jours chacun, s’étalait sur quinze jours au total sur une période de trois mois. Elle se déroulait à Lyon, avec la prise en charge totale de l’hébergement et du transport. Je pouvais pousser un soupir de soulagement, après presque deux ans de travail à l’aveugle. Je ne connaissais rien du rayon CHR, je venais d’être enfin récompensé. Il était temps de passer un palier. J’avais vu le regard de Pierre et Fred s’émerveiller et s’illuminer en apprenant la nouvelle pour moi. Ils étaient fiers de moi, et Pierre ne cessait de dire que j’allais en fermer des bouches. J’étais entièrement d’accord avec lui. Quant à Sofia, elle était légèrement sous le choc, et la lumière dans ses yeux s’était éteinte en apprenant la nouvelle. Au fond de moi, je ressentais une joie intense. C’était une fille très amicale et agréable au travail qui ne cessait de dire que nous avions la meilleure équipe. C’était très difficile de faire confiance à Sofia. Elle était l’une des principales partisanes aux changements dans le rayon avec l’équipe, choses que nous ne voyions pas d’un bon œil.

À la suite de cette fameuse nouvelle, je continuais sur l’entretien annuel avec mon responsable. Jony et moi avions pris du temps pour discuter de l’évolution au cours de l’année. Il était assez satisfait de mon travail et désirait me voir investir davantage dans le rôle de leader d’équipe. Il voyait en moi l’esprit qui pouvait par le futur piloter le rayon CHR. Ce n’était pas ma principale motivation. Je voulais être tranquille dans mon coin, faire ce que je savais le mieux : vendre et dessiner des cuisines. Jony voulait me voir piloter la gestion d’équipe, ce que Marcel faisait quotidiennement. C’était le contrôle des inventaires, faire les entrées de marchandises, calculer le stock entrant, sortant, polluant et plein d’autres tâches administratives. En ce qui concerne les résultats, il était pleinement satisfait de ce que je produisais en si peu de temps passé au CHR.«