Le thème du livre : Le 11 mai 1787 onze vaisseaux quittent l’Angleterre avec un millier d’hommes à son bord dont sept cents détenus hommes et femmes. La traversée dure vingt mois avant d’accoster à » Botany Bay » en nouvelles Galles. Ce sont les premiers colons Australiens. Je raconte ainsi la préparation, la traversée et l’installation de la première colonie avec la rencontre entre les colons et les aborigènes.
Cette expédition croise celle du Comte de la Pérouse, ce roman raconte des histoires de femmes et d’hommes dans la grande histoire.
C’est un ouvrage documenté en références historiques, et qui se lit comme un roman d’aventures autour de quelques personnages emblématiques avec un scénario dynamise.

Ce roman éclaire le lecteur sur un pan historique de l’humanité, sur de grandes conquêtes pour découvrir de nouveaux horizons. Cet ouvrage peut aussi ouvrir le regard par une approche philosophique (Rousseau, Montaigne Spinoza) et aussi par des personnages qui incarnent la résilience, le rapport au changement, la capacité à afficher des valeurs vertueuses dans les actes ou tout devient possible par son engagement et la tolérance.

Deux jours plus tard lord Sidney se trouve dans le bureau du ministre de la justice, profitant de cette audience programmée il soumet cette hypothèse qui commence à mûrir et devenir une opportunité.

– Mr le ministre , j’ai un projet à vous soumettre. Il s’agit à la fois de coloniser une nouvelle terre que Tomas Cook a découverte en 1769 et qu’il a baptisée Nouvelle-Galles. Et aussi de trouver une solution pour les criminels et repris de justice qui engorgent nos prisons.
– Il est vrai que le zèle de notre justice et sa sévérité, que je soutiens, entraînent chaque année l’augmentation d’un millier de prisonniers. La prison de NewGate devient l’objet d’émeutes régulières et d’épidémies en tout genre.
Nous avions pensé à une déportation mais plus sur l’Afrique qui est plus accessible. Quelle est la distance et la durée du voyage pour se rendre à Botany Bay ?
– D’après un lieutenant de marine expérimenté, environ 24 000 milles nautiques. Il faut envisager quinze mois de voyage. La Nouvelle-Galles regorge de matières premières pour notre marine et nos manufactures.
D’autre part, j’ai appris que le roi Louis XVI a promu le comte de La Pérouse pour diriger une grande expédition vers les îles de l’hémisphère sud.
– Ah ! Je n’étais pas informé, les Français risquent d’installer des comptoirs et des colonies sur des routes maritimes stratégiques, vous marquez un point.
– Nous pourrions embarquer sept-cents prisonniers avec trois-cents militaires et scientifiques.
– Il faudrait que vous me donniez précisément le nombre de vaisseaux nécessaires pour embarquer mille personnes. Avez-vous déjà pressenti le commandant de cette flotte ?
– Mille personnes, c’est important ! J’ai ma petite idée sur la question du commandement il s’agit du commandant Arthur Philipp, il n’a pas d’armateur actuellement, je sais qu’il est impatient de reprendre le large, de plus il n’a pas d’attaches familiales et d’après. C’est officier de marine avec de l’expérience, il s’est engagé à l’âge de 15 ans dans la Royale Navy. Il a rejoint l’armée portugaise au moment de la guerre que nous menions contre l’Espagne, il a participé à la capture de plusieurs vaisseaux. Il a reçu ensuite le commandement du HMS navire de 64 canons. Un de mes amis Georges
Rose sous-secrétaire du trésor est son voisin dans le Hampshire, me disait à son sujet que c’est aussi un très bon agriculteur, ce qui est un atout de plus pour gouverner et développer une nouvelle colonie.
– Écoutez Lord Sidney je rencontre en conseil notre roi, je lui expose ce projet, je pense qu’il donnera son accord, nous avons déjà abordé ce sujet épineux.
Tenez-moi informé de votre rencontre avec le capitaine de vaisseau Arthur Philip.

Quelques jours plus tard, Lord Sidney reçoit le capitaine Arthur Phillip dans son bureau, à qui il propose cette possible expédition dans les mers australes.

– Votre proposition m’honore my Lord ! Le fait de n’avoir pas fondé de famille, ou l’absence de volontaire pour cette expédition incertaine en sont peut-être les raisons ?
– Non, capitaine Phillip, détrompez-vous. Je connais vos états de service, vos compétences de marin et votre autorité naturelle auprès des équipages. Vous rendez-vous compte que vous aurez les pleins pouvoirs de Gouverneur, que vous mettrez en place l’administration, toutes les instances et l’organisation de cette nouvelle colonie anglaise ? Vous aurez des terres, des mines et serez riche, c’est une chance pour votre carrière.
– Combien de vaisseaux et d’hommes ?
– On compte environ mille hommes dont sept-cents prisonniers qui deviendront les premiers colons de ce continent et dix vaisseaux.
– C’est une flotte importante. Comment ces hommes et femmes vont-ils supporter la traversée à fond de cale, avec les tempêtes du cap Horn par exemple ? Combien vont survire après quinze mois de traversée ?
– Je sais capitaine Phillip, c’est une expédition dangereuse avec des risques certains, mais c’est aussi une aventure, un nouveau défi que l’Angleterre lance au monde. De toute façon ces forçats périront en prison, soit de maladie ou de blessures mortelles à la suite de rixes, ou totalement décharnés et anéantis après des années de privation, que pensez- vous qu’ils préfèrent ?
Beaucoup d’entre eux risquent de mourir pendant la traversée et alors, en faites-vous un cas de conscience, vous sentez-vous responsable de leur sort ? Ces hommes et ces femmes ont un destin qu’ils ont choisi par leurs forfaitures et leurs actes dénués de sens d’humanité et d’amour du prochain.
Au pire, leurs souffrances seront abrégées s’ils disparaissent en mer, au mieux vous leur accorderez une seconde chance de se racheter.
– Sir, je suis un navigateur, je n’ai pas l’étoffe d’un politicien, ce n’est pas une carrière à laquelle j’aspire. Si vous n’avez jamais navigué, traversé des rugissants alors vous ne pouvez imaginer ce que cette cargaison humaine va vivre.
Laissez-moi deux jours de réflexion et je vous donne ma décision.
– Capitaine Philipp, faites-le pour notre royaume, sa grandeur. L’Angleterre a toujours régné sur les océans, conquis de nouvelles terres, exploré le Nouveau Monde, vous rentrerez dans l’histoire comme le capitaine Cook.

Arthur Phillip a quarante-huit ans dans quelques mois, il est chez lui seul, dans la pénombre, le regard lointain, confronté à la plus grande décision de sa vie. Épris d’aventures, il éprouve de la fierté d’avoir été choisi, reconnu pour ses qualités de chef et de marin. En revanche, l’idée de transporter autant de détenus présentant un réel danger, avec des maladies, une condition physique précaire et n’ayant jamais navigué l’inquiète sérieusement. C’est une énorme prise de risque et il est persuadé que de nombreux vaisseaux avec leur cargaison humaine n’arriveront jamais à destination.

Au même moment, dans la colonie pénitentiaire de Portsmouth, après une journée éreintante, des hommes et des femmes allongés sur leur paillasse pensent à leur devenir ou s’endorment d’un sommeil agité par tant d’efforts physiques, à cause de la morsure du froid, des brimades et de la privation des besoins essentiels.