Ce livre est une plongée intime et sans fard dans le vécu de l’anxiété et des troubles qui l’accompagnent : addictions, violences familiales, hospitalisations, isolement, perte de repères. Il s’adresse à toutes les personnes qui traversent ces tempêtes invisibles — et à celles et ceux qui les accompagnent : soignants, proches, aidants.

Un pote un peu trop présent est un récit hybride, entre autobiographie romancée et roman psychologique. C’est mon histoire vraie, réécrite avec la distance qu’offrent les mots, sans rien cacher de la douleur, ni de l’espoir. L’originalité de ce livre tient à sa structure libre, fragmentée, à la cohabitation des voix — celle de la patiente, du psychiatre, de l’enfant qu’on a été, et de ce Lucas, présence trouble, métaphore du mal. Participer à la création de ce livre, c’est soutenir une parole honnête, brute, vulnérable, mais profondément humaine. C’est dire à d’autres : “vous n’êtes pas seul.e.s”.

Julie Gotchoua , 24 ans, entre d’elle-même en hôpital psychiatrique. Fatiguée, perdue, en bout de souffle, elle accepte enfin de se faire aider. Commence
alors un huis clos thérapeutique entre elle et le docteur Paris, psychiatre au visage inattendu, qui va doucement, sans jugement, lui tendre la main.
Au fil des échanges, Julie se livre. Son passé éclate par fragments : une enfance marquée par la solitude, une adolescence détruite par la drogue et de mauvaises rencontres, une relation toxique avec un certain Lucas, figure métaphorique du trouble qui la ronge. Anxiété généralisée, troubles du sommeil, pulsion d’autodestruction, anorexie… Julie est en guerre contre elle-même depuis toujours.

Il est tard.
L’eau est brûlante, presque trop chaude, elle martèle ma peau et m’endort doucement. La vapeur emplit la salle de bain, floute les murs, m’enveloppe comme un cocon humide. Chaque muscle de mon corps se relâche, fond lentement. Je me perds dans la chaleur, dans cette sensation de dissolution.
Et soudain, ces doigts froids, trop réels, trop vivants, sur mon épaule nue.
Je me retourne d’un coup, la panique me traverse, un éclair violent. Mon pied glisse sur l’émail mouillé, je manque de tomber, je me rattrape au rideau de douche, ce plastique tiède et collant qui se plaque contre ma peau mouillée. Il me colle, me moule, me garde là.
Et lui. Il est là, Lucas, dans la baignoire, avec moi.
Nos regards se croisent. Il ne dit rien. Il me fixe.