À une époque où les équilibres mondiaux vacillent, les nations s’observent, parfois en silence, parfois à voix haute. Les puissances établies sont contestées par les émergents, tandis que les pays pauvres ou en développement aspirent à s’émanciper, à sortir de l’ombre, à reprendre la plume de leur propre récit. C’est dans cette tension globale que s’inscrit Une Nation à Réinventer — un roman politique, certes, mais avant tout profondément humain.
Il suit le destin d’Édouard Adingra, un jeune homme revenu sur sa terre natale avec une conviction chevillée au corps : il est encore possible de changer le cours d’un pays. Face à une société minée par les inégalités, les compromis silencieux et la désillusion d’une jeunesse oubliée, Édouard refuse de détourner le regard. Il choisit l’engagement.
Entre trahisons, soulèvements citoyens, manipulations médiatiques et luttes électorales, ce récit nous plonge au cœur d’un combat pour la dignité, la justice et la souveraineté populaire.
C’est une histoire de courage et de doute, de stratégie et de résilience, mais surtout, une ode à la puissance de l’espoir collectif.
Ce livre s’adresse à celles et ceux qui rêvent d’un renouveau politique, à tous les lecteurs sensibles aux récits de transformation sociale, et à ceux qui gardent en eux cette simple idée : que l’avenir d’un pays peut (re)commencer avec un seul pas.

L’illusion du retour triomphant

Il lui fallait un emploi. Une évidence. À l’étranger, il avait bossé dur, obtenu des diplômes prestigieux. Il pensait — naïvement — que tout cela suffirait à lui ouvrir des portes. Il s’imaginait déjà en costume bien taillé, assis derrière un bureau climatisé, en train de rédiger des stratégies pour le développement d’Ayomie.
Sauf que les Ayoméens ne l’attendaient pas avec un tapis rouge.
Il envoya des CV. Silence radio. Il relança. Quelques réponses polies, mais aucune réelle opportunité. Alors, il passa à l’étape suivante : les entretiens. Il se prépara comme un soldat avant la bataille, peaufinant ses discours, perfectionnant ses arguments.
Et pourtant, à chaque fois, c’était la même chose.
D’abord, le sourire du recruteur, impressionné par son parcours. Ensuite, les questions classiques. Puis, le moment où l’entretien prenait une tournure prévisible : « Monsieur Édouard, très bon profil… Mais vous connaissez quelqu’un au ministère qui vous envoie. »
« Ah… non, mais je suis très motivé, je – »
« Oui, oui, bien sûr. On vous recontactera ».
On ne le recontactait jamais.
Il comprit vite que dans son propre pays, le mérite seul ne suffisait pas. Ici, on avançait par les « bras longs », ces connexions invisibles qui faisaient et défaisaient les carrières. Édouard n’avait pas de bras longs. Juste deux mains, pleines d’ambition, mais apparemment inutiles.

Énergies et Infrastructures : Investir pour l’Avenir

John, l’expert en énergie, attendait son tour. Quand tout le monde se tourna vers lui, il sourit légèrement.
— « Bon, je vais être franc. Le soleil et le vent, c’est bien, mais ce n’est pas ça qui va alimenter toute une nation. Si on veut être sérieux, il faut un mix énergétique solide. »
Il se leva, pointant du doigt une carte d’Ayomie accrochée au mur.
— « Regardez nos cours d’eau. Pourquoi est-ce qu’on n’exploite pas mieux l’hydroélectricité ? Nos barrages actuels sont sous-utilisés et mal entretenus. Si on les modernise et qu’on en construit quatre nouveaux dans les régions stratégiques, on garantit une production d’énergie stable pour au moins un demi-siècle. »
Quelques acquiescements. Puis une voix s’éleva.
— « Et l’uranium ? »
John eut un sourire en coin.
— « Justement. “nous” vendons notre uranium aux grandes puissances, mais on ne sait même pas l’utiliser nous-mêmes. C’est un non-sens. Si on veut l’indépendance énergétique, il faut investir dans le nucléaire. Former nos ingénieurs, signer des accords de coopération avec des pays qui maîtrisent cette technologie, et commencer à construire une filière locale.
Pas tout de suite, pas n’importe comment, mais c’est un projet qu’on doit poser dès maintenant. »
Édouard croisa les bras.
— « Ce que tu proposes, c’est une révolution énergétique. »
— « Exactement, » répondit John. « Avec une base solide en hydroélectrique, du solaire et de l’éolien pour compléter, et à terme une filière nucléaire… en vingt ans, on peut atteindre une indépendance totale. »
C’était ambitieux. Mais réalisable.
Puis vint la question des routes. Édouard posa son stylo, fixant la carte routière.
— « On peut avoir toute l’énergie du monde, un réseau de santé parfait, si nos routes ne suivent pas, le pays restera à l’arrêt. »
Il traça du doigt un itinéraire reliant les dix plus grandes villes du pays.
— « Ces axes-là, ils doivent être modernisés en priorité. Chaque grande ville doit être connectée par une route praticable en toute saison. Plus de routes coupées pendant les pluies, plus de trajets interminables pour transporter les marchandises ou aller voir un médecin. »
— « Un projet pharaonique, » murmura quelqu’un.
— « Un projet indispensable, » répliqua Édouard.
— « Et pas de route sans contrat de maintenance, » ajouta Fatima. « Ça suffit les infrastructures qui s’effondrent après six mois. »
Les débats continuèrent tard dans la nuit. Mais dans le silence de cette pièce, une certitude se forgeait.