Quarante ans après avoir perdu l’homme de sa vie, Chris se souvient que son coeur s’est arrêté de battre et s’est brisé; jamais plus il ne pourrait aimé; ni faire le deuil de son amour perdu. Il s’invente alors une vie où Jean se réincarne en Rimbaud, un jeune homme avec qui il pense revivre un éternel amour… Mais un grand amour a cela de grand qu’il est unique et irremplaçable ; et de trop aimer peut mener à la folie, et à l’annihilation de soi…

Extrait du livre :

Depuis toi, depuis l’absence, la carence de toi, ma vie déambule, somnambule. Moi, un peu vieilli, un peu maudit. Et condamné à vivre avec l’indifférence de mon propre cœur furibond, et fanatique, et qui ne m’a jamais pardonné d’avoir failli à cet amour qui s’offrait à moi, et que je n’ai pas su appréhender. Mon propre cœur qui m’a lâchement abandonné depuis plus de quarante ans ; pour ainsi te rejoindre dans le firmament de la voie lactée, accroché comme un crève-cœur à ton étoile éthérée, là-haut, et que, de loin, j’observe chaque soir, et qui scintille plus que toutes les autres de ton âme vaporeuse. Moi, j’ai déconsidéré, asphyxié, asséché mon âme dans mon hypocrite maelström ; j’ai, sans doute, la conviction que ton âme m’appelle et m’attend. Je contemple ce beau ciel si lumineux. C’est toi, Jean, que je vois. J’ai vécu ma vie sans toi ; j’ai résisté pour ne pas me tuer. J’ai si mal vécu ma vie. J’ai fui, sans cesse, l’amour d’autres hommes. Je n’ai pas pu, ou pas su non plus, les aimer, car ils n’étaient pas toi. Un être tel que toi, et un amour aussi extraordinaire, sont irremplaçables ; car tu es bien sûr unique. Leurs bras n’avaient pas ton prénom, ils ne me donnaient pas les si puissants frissons des tiens, les si violents battements de mon cœur pour les battements de ton cœur pur ; ces bras-là, ces corps, ne me faisaient pas bander aussi farouchement que pour ton sublime corps sensuel et parfumé de ta virilité, de tout ton être inestimable.

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