Ce recueil numéro 7 de Raconti consacre les récits liés aux animaux. Nombre de ces contes et légendes mettent en scène des animaux où le rapport à l’homme reste omniprésent. Etant très proche de l’animal, l’homme n’a pu s’empêcher de le rêver, de le représenter et de le symboliser, et ce depuis le début de l’histoire de l’humanité. Que ce soit à travers les gravures rupestres, pour prédire l’avenir, à travers le sacrifice ou enterré avec le défunt dans les tombeaux les plus anciens.

Pour illustrer cette thématique, ce recueil nous invite à une pérégrination, sur les traces de ces différents animaux, à un voyage dans un bestiaire oublié, aux quatre coins du monde. Nous verrons comment un récit peut se décliner de manière différente mais aussi s’adapter selon le

pays, avec une interprétation spécifique, chaque culture étant reliée à une vision du monde :

« Certains récits d’origine nous expliquent encore comment les animaux perdirent l’usage de la parole (…). Les bêtes ne parlent plus mais, dans les mythes et les contes, leur voix résonne encore, pour nous dire les histoires du temps où, (…) le phénix se posait dans les cours des maisons, et les dragons s’ébattaient en troupeaux dans les parcs et les étangs. (…) »

Extrait du livre :

La femme trop curieuse…

Il était une fois un jeune berger qui gardait vingt brebis et un bélier sur une surface aussi grande que mes terres en plaine. Il s’appelait Cecceccu, avait seize ans et ne connaissait pas la méchanceté.

Ce jour-là, le feu prit à Querciolu et Ceccecu dut essayer de sauver son petit troupeau. Soudain il entendit un sifflement, une plainte qui venait du feu. Il courut pour voir : c’était un serpent prisonnier des flammes sans espoir de se sauver. Cecceccu, sans réfléchir, prit un long bâton qu’il tendit vers le serpent, l’animal n’en revint pas ! Il s’entortilla au bâton et fut sauvé. Alors, malgré ses nombreuses brûlures, il arriva à dire au jeune berger :

– Mène-moi chez mon père, il te paiera.

Le berger conduisit le serpent chez son père. Après avoir écouté le récit de son fils, le père serpent dit :

– Tu es le seul homme que j’aime ; demande et tu auras ce que tu veux.

Le petit serpent murmura à Cecceccu :

– Demande lui qu’il t’apprenne à comprendre le langage des animaux.

Et il fit ainsi.

Le grand serpent dit alors :

– Jure de ne jamais parler de ce secret ; si tu trahis ta parole, tu es un homme mort !

Le jeune berger promit.

Le serpent siffla trois fois puis souffla dans la bouche du garçon.

– Va, tu comprendras le langage de tous les animaux mais n’oublie jamais ta promesse !

Chaque jour Cecceccu écoutait les conversations des brebis, des lézards, des oiseaux et même celles des truites… mais il gardait çà pour lui. Un après-midi, vers quinze heures, alors que ses brebis se reposaient au frais et qu’il somnolait sous un chêne vert, deux corbeaux passèrent et firent :

– Crò ! Crò !

Vous et moi, nous aurions compris : Crò !

Mais Cecceccu entendit :

« Sous sa brebis noire, éloignée du troupeau, se trouve caché un trésor. Si le berger le savait, il serait riche. Comme ils sont stupides ces hommes ! »

   La nuit venue, muni d’une bêche, Cecceccu piocha à l’endroit où s’était couchée sa brebis noire : il découvrit un chaudron rempli de pièces d’or ! (…)