Calais-Dover
Simon Handtschoewercker a fait partie des 786 marins qui ont appris leur licenciement dans une vidéo de 2 minutes envoyée par mail, en mars 2022, par le directeur des ressources humaines de P&O Ferries, avant d’être remplacés par du personnel extra-européen. L’affaire a fait grand bruit et a mis en lumière la pratique du dumping social dans le secteur maritime.
« Je vous propose d’être acteur de la naissance de mon livre en m’aidant à faire de sa parution prochaine, avec les Editions Maïa, un succès. Plus les préventes seront nombreuses, plus mon livre sera promu et diffusé. En retour, vous serez présents dans le livre en page de remerciements et vous recevrez le livre en avant-première, frais de port inclus ! »
À travers le regard d’un steward français, nous découvrons des anecdotes truculentes, les défis du quotidien maritime et les relations entre collègues aux horizons variés. Entre humour et mélancolie, cette chronique offre un témoignage vivant sur les tensions culturelles, les bouleversements politiques du Brexit et les défis humanitaires liés à la migration. Calais-Dover est une ode à la résilience, dans un cadre aussi imprévisible que la mer elle-même.
Extrait
« Dans la salle de pause du Pride of Burgundy, c’est nauséeux et à moitié endormi que je fis la rencontre d’Aymeric. Il s’occupait de l’approvisionnement des services du bord. À l’image du personnage d’Homer dans le dessin animé The Simpsons, il avait le crâne chauve, un rasage négligé et un embonpoint qu’il tentait de dissimuler sous un tee-shirt trop grand pour lui. Cette ressemblance me le fit tout de suite trouver sympathique. Après avoir remarqué comment j’étais blême, il se rappela son premier mal de mer.
— J’étais à peine majeur. J’avais obtenu mon brevet de matelot à Fécamp, et passé l’été sur un chalutier, sans jamais rien ressentir d’autre qu’un p’tit haut-le-cœur. Et puis un jour, en octobre, terrible… On revenait d’une longue pêche, et un peu avant d’avoir Dieppe en vue, bam, tempête ! J’ai vomi mes tripes, couché par terre. Oh là là… J’ai cru que j’allais mourir !
En me racontant cela, il faisait de grands gestes, prenait de profondes inspirations et criait. On aurait dit qu’il revivait la scène.
— C’était juste avant que mon patron nous invite pour fêter ma future embauche… On était sept bonhommes à table, bien habillés, parce que c’était un beau restaurant. On mangeait face à une grande baie vitrée. Ça soufflait dehors. Des bateaux de plaisance, qui étaient pourtant amarrés, s’entrechoquaient. J’ai repensé au malaise que j’avais eu la veille, à la signature de mon contrat qui approchait, et je me suis demandé si je ne faisais pas une grosse connerie… Et là, oh là là, la nausée est montée… Je me suis levé… J’ai dégobillé dans un vivier à homards !…
Bien qu’amusé, je me sentais toujours aussi malade. Il le vit, s’excusa de son geste et quitta la pièce pour me laisser au calme… »

