6, rue Cler
J’ai grandi avec un seul désir : rire de tout. Je crois y être pas mal arrivé, mais non sans en avoir payé le prix… Avec Brassens, j’ai compris qu’on pouvait tout dire, Barbara m’a offert la fragilité des larmes et je me suis laissé « énerver » par la colère de Renaud… Ensemble, ils ont dessiné en moi une certaine idée de la liberté, de l’authenticité et une quête absolue de dignité.
Ce récit est né d’une urgence, celle de comprendre.
De me comprendre.
Une petite lueur dans la nuit vers laquelle je marche en traversant les ruisseaux, les forêts, les montagnes… une à une.
« Je vous propose d’être acteur de la naissance de mon livre en m’aidant à faire de sa parution prochaine, avec les Editions Maïa, un succès. Plus les préventes seront nombreuses, plus mon livre sera promu et diffusé. En retour, vous serez présents dans le livre en page de remerciements et vous recevrez le livre en avant-première, frais de port inclus ! »

À l’aube de mes 50 ans, le constat est sans appel : ma vie est restée figée à mes 14 ans, sur un bout de trottoir du 7ᵉ arrondissement de Paris. Trois mois à peine après que mon père fut parti en ambulance pour ne jamais revenir. Ce jour-là, quelque chose s’est brisé en moi.
Depuis, j’ai avancé sans jamais vraiment construire, traversant la vie sans m’y ancrer. Juste subir. Mais ces 35 années n’ont pas été vides.
Elles ont été jalonnées de rencontres marquantes, d’événements qui m’ont façonné, de rires partagés et de douleurs enfouies. Un parcours atypique, marqué par l’évitement, par la peur viscérale de l’attachement et par l’humour, devenu mon armure. J’ai appris à mettre la distance nécessaire pour ne plus souffrir, à remplir l’espace pour éviter les questions, à rire de tout, tout le temps.
Pendant tout ce temps, une partie de moi est restée là, sur ce trottoir. J’ai vécu, bien sûr, mais toujours en suspens, comme si ce gamin de 14 ans regardant l’ambulance partir n’avait jamais bougé. Aujourd’hui, après 35 ans d’errance intérieure, il est temps d’avancer. De quitter enfin ce bout de trottoir. D’oser grandir, enfin, à 50 ans, avec l’énergie d’un adolescent qui découvre le monde et la lucidité d’un homme qui sait ce qu’il ne veut plus.
Ce récit est une urgence.
Brute.
Tendue.
Violente.
Sans compte à régler, sinon avec moi-même.
Extrait
« Trente-cinq ans après, je m’aperçois, de la manière la plus violente qui soit, que sur ce bout de trottoir, eh bien j’y suis encore, je ne l’ai jamais quitté. Je suis toujours devant la porte.
Ma mère, pour me montrer la route, l’escalator à la sortie du métro La Tour-Maubourg, juste en face de la rue de Grenelle, dos aux Invalides, Mehdi, dont la mère, Madame Benabid, a eu la même idée… ont disparu.
Y’a plus personne.
Y’a que moi.
Tout seul.
Un peu comme la nuit du 19 mai, trois mois avant, où je ne me souviens d’aucun son, d’aucune parole, juste de l’ambulance qui part et qui ne reviendra jamais.
Trente-cinq ans sur un bout de trottoir.
Qu’est-ce qui s’est passé ?
Rien.
Rien d’autre que ce que je peux comprendre du haut de mes quatorze ans, avec juste le sentiment de la colère, acquise deux ans avant.
« Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ? »
Il est mort à quarante-trois ans…
« C’est jeune, pour un vieux ! »
C’est ce que je me suis dit pendant les vingt-neuf ans qui ont suivi. Puis, à son âge, à quarante-trois ans, j’ai compris qu’en fait, c’était jeune.
Tout court.
Et moi, j’arrive à cinquante ans. Je ne sais pas ce que ça veut dire, je n’ai jamais trop compris jusqu’à ce week-end de janvier 2024. Après trois jours en enfer. »

