Entretien avec Colette Brogniart – Le désordre des choses
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Le titre et la couverture attirent les lecteurs. Ceux qui se manifestent sont très enthousiastes, à l’exception d’une lectrice qui se juge trop rationnelle pour y adhérer. Remarque qui me semble étrange… J’ai reçu les deux critiques ci-dessous. Je ne connais pas la première personne qui n’a lu que ce roman. Le second me connaît et a lu l’ensemble de mes écrits.
« J’ai beaucoup apprécié votre livre. La forme, la maîtrise de la langue : un lexique subtil, une écriture ciselée. Des scènes saisissantes m’ont captivée. Votre manière de raconter l’histoire et les évènements est comme une promenade philosophique : des dialogues percutants qui évoquent la vie, la littérature, autant de réflexions passionnantes. Le thème est original et les rebondissements attrayants.
Je relève de nombreuses phrases poétiques dans un texte dense et atypique.
Ce livre témoigne d’une imagination vive et colorée qui permet de visualiser les actions qui nous emportent et nous transportent. » Véronique Arviès
« Une atmosphère étrange, des personnages énigmatiques et attachants, de la poésie et de l’humour : un gros chat, des affections subtiles et sublimées, c’est drôle et troublant.
Il y a des prodiges d’écriture : la magie de la vie du Causse menacé, les personnages qui se guettent et se complètent.
Un fil nous guide, un souffle pétrit et unit l’apparent désordre. Chaque individu s’inscrit dans sa réalité — littéraire ? C’est comme un roman policier et l’auteure n’est pas innocente : c’est tissé de fils antagonistes, on le croit languide, il est trépidant.
– Je pense que c’est une biographie…
– Vous avez tort, c’est le procès d’une époque !
– Non, non ! Le chœur y est multiple et l’écrivaine l’orchestre.
– C’est un chœur, mais chacun y est soliste.
L’auteure se joue de nous, de notre actualité : nulle issue, c’est une cage d’écureuil. Difficile d’y revenir tant on ne peut en sortir. L’auteure est montreuse et elle se montre.
Chaque personnage conserve sa fraîcheur, son autonomie tout en participant, constituant ainsi un tout pour notre plaisir.
Difficile d’en parler, de s’en abstraire, ça donne envie d’une suite.
Nécessaire, captivant, provocant… C’est bien en somme, très bien ! » Andy Durandeau
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’originalité se situe à deux niveaux.
Le premier : les six personnages qui gravitent autour du trompe-l’œil mural ont un lien avec celui-ci. Ils le découvrent en même temps que le lecteur. Leurs personnalités sont diverses et très fortes.
Le second : c’est un défi littéraire que je me suis lancé, suggéré dans la quatrième de couverture “un livre en trompe-l’œil.” À savoir, chaque personnage a déjà existé dans l’un de mes précédents romans et ils se trouvent rassemblés ici pour la première fois, tels qu’ils étaient alors, désormais en quête d’un présent et d’un avenir.
Les lecteurs qui ne connaissent pas mes ouvrages antérieurs semblent pressentir une énigme sous-jacente, les autres repèrent un ou deux personnages, voire davantage pour les plus fidèles : une dimension ludique accompagne alors la lecture.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Ce projet bien particulier reposait sur des règles et des contraintes qui, finalement, facilitaient l’écriture : tout s’enchaînait selon une logique intrinsèque. Mais chaque livre est spécifique : le fond conduit à une forme unique, à un style singulier. De même que j’aime écrire dans tous les registres littéraires, je m’efforce de créer des romans différents. Je ne pense pas obéir à des rituels ni recourir à des astuces…
Colette Brogniart, auteure de Le désordre des choses, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.