Entretien avec eMmA MessanA auteure de L’Étoile de Grand-mère

Entretien avec eMmA MessanA auteure de L’Étoile de Grand-mère

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Lorsque L’Etoile de Grand-mère a été publié, j’ai ressenti énormément d’émotion et de joie car c’est un album jeunesse dont le sujet central, la transmission intergénérationnelle d’une grand-mère à sa petite fille, me tenait beaucoup à cœur depuis longtemps.
Je suis d’une nature impatiente, aussi, lorsque je l’ai enfin tenu entre les mains, j’ai eu l’impression d’avoir attendu ce moment depuis une éternité. Et puis, j’ai longuement caressé sa couverture…

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Mes premiers lecteurs ont été ceux qui m’ont fait l’honneur de me faire confiance en participant à la campagne de préventes, des fidèles qui me suivent depuis la parution de mon tout premier livre il y a quinze ans, mais également des personnes qui m’étaient inconnues !
J’ai ouvert dans mon blog une page spécialement dédiée aux retours de lecture. J’y tiens beaucoup. C’est ma malle à trésors dans laquelle je puise une énergie qui me nourrit. Cette communication rend la relation auteur/lecteur vivante et nourricière. Bien sûr, tous ne le font pas, mais je suis à chaque fois très touchée lorsque mes lecteurs l’osent.
Quelques exemples :
« L’émotion est à fleur de mots. C’est un très joli récit (…). Les collages, confèrent au livre l’alchimie à laquelle tu nous as si bien habitués dans tes précédents ouvrages…» Yves Duteil
« Je garderai précieusement ce délicat trésor et le partagerai avec mes enfants car je sais, hélas, qu’un jour il servira. A lire à tout âge ! » Marine Dussarrat
« Quelle douceur de lire ces mots qui traitent d’un sujet si délicat à aborder. Votre ouvrage est actuellement à mon cabinet, prêt à être lu à des enfants qui seraient concernés par cette situation. Vous traitez le deuil d’une manière imagée et c’est tout ce dont ont besoin les enfants dans ces périodes si difficiles à surmonter. Je pense pouvoir me saisir de votre livre, peut-être même en support de séance et de parole pour les enfants et leurs familles. » Honorine T. psychologue clinicienne et psychothérapeute.
« Le format est idéal pour glisser le livre dans un sac et pour le laisser tenir par des petites mains.
Merveilleuse histoire qui évoque l’amour et l’attachement de toute une famille pour ses aînés et qui les rassure quant au passage délicat de la vie à la mort. Je n’ai pu m’empêcher de penser aux miens et aussi à moi. » Nicole Dessard

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

Pour écrire cette histoire, j’ai puisé dans mes souvenirs personnels, mais je me suis aussi documentée sur le thème du deuil en tentant d’être au plus près de ce que peut vivre et ressentir un enfant qui découvre pour la première fois de sa jeune existence que nous ne sommes pas immortels.
Cela m’a pris du temps, davantage de temps qu’à mon habitude, pour construire le texte et donc offrir le plus de sincérité dans le propos.
Durant tout le processus d’écriture, j’ai veillé à lisser (non pas à gommer) ce qui pourrait paraître lourd à appréhender pour un jeune public, le deuil, en orientant le cœur de l’histoire sur le thème de la transmission de la grand-mère vers Céleste. C’est ainsi que, entre tendresse et douceur, page après page, une petite fille grandit dans l’acceptation…Je pense que ce processus d’écriture plus lent sera une conduite que je vais désormais adopter.


Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

Tout d’abord, je pense que mes lecteurs ont aimé que le thème traité ne soit pas édulcoré, mais véritablement posé tout en étant abordé avec douceur et tendresse. Nombre de parents et grands-parents m’ont dit avoir apprécié que dans L’Etoile de Grand-mère on ne mente pas à l’enfant, que l’on réponde à ses questionnements et inquiétudes devant la mort d’un proche, sans adopter une posture cynique ou brutale.
J’ai été sensible à ces remarques car mon objectif me semblait donc atteint. J’aime une littérature jeunesse engagée, respectueuse de l’innocence de l’enfance à ne pas brusquer, mais bien à éclairer.

Ensuite, il m’a été rapporté que mes collages permettent d’offrir à l’enfant une évasion, une sorte de détachement ou de pause dans l’histoire pour mieux assimiler les différentes notions de deuil et de transmission intergénérationnelle tant immatérielle que matérielle.
On m’a fait savoir qu’ils complètent bien l’histoire en en racontant une autre en parallèle, qu’ils ouvrent un espace de dialogue et de poésie.

Enfin, ce qui m’a beaucoup amusée à créer et qui a été apprécié, ce sont les pages pratiques qui concluent le livre. Celles-ci ont pour objectif de se tourner vers la vie et la joie collective.
Il s’agit d’une part, de la retranscription de la vraie recette de cuisine de petits biscuits (celle de l’histoire étant assez fantaisiste) que mon ami Pascal Weisser tenait de sa propre grand-mère et d’autre part, d’une introduction à l’art du collage.
J’ai voulu cette dernière la plus simple possible pour donner l’envie aux enfants, et pourquoi pas aux adultes qui les guident, de se lancer dans cette activité amusante et abordable.
J’ai reçu de nombreuses photos de biscuits et de collages ainsi confectionnés par des petits à la mine épanouie !

 

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Je suis toujours admirative des auteurs révélant qu’ils se lèvent à telle heure le matin pour écrire durant plusieurs heures d’affilée ou bien qu’ils consacrent tous leurs après-midis jusque tard dans la nuit pour noircir des milliers de feuillets.

Pour ma part, point d’organisation de ce type et rien de bien mystérieux.
L’inspiration pouvant surgir à tout moment du jour (et de la nuit), je prends des notes sur le vif dans des petits carnets ainsi que sur mon téléphone portable. J’assume cet aspect spontané un peu brouillon bouillonnant. Cela me donne de l’énergie d’être toujours au service de mon histoire et des personnages qui l’habitent.

Lorsque les idées sont bien avancées, je reprends l’ensemble pour le structurer. A ce moment, c’est dans le petit atelier de collages dont les portes s’ouvrent sur mon jardin en Vendée que je m’installe.
J’aime cet atelier qui est comme un cocon douillet où j’ai placé des porte-bonheurs et autres souvenirs qui me réconfortent. Ils me mettent dans un état d’esprit positif.
J’y écris et y colle de façon solitaire en écoutant le pépiement des oiseaux. C’est un luxe inouï qui m’inspire et m’offre un apaisement propice à la germination des idées.

Pour ce livre, j’ai alterné l’écriture de l’histoire et la création des collages qui l’illustrent. Je ne conçois pas de séparer les deux activités. Coller m’aide à réfléchir et ainsi, en parallèle, à apporter des modifications éventuelles au texte.
Sur ma grande table sont disposés feuillets, carnets, toutes sortes de papiers, de la colle, des pastels, des feutres, des crayons de couleur, de la vie en multicolore.
J’apprécie beaucoup les visites de mes deux chats, Biscotte et Chouquette.
Il m’arrive aussi d’écouter de la musique pendant les phases de collage.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

Je travaille en ce moment sur deux livres jeunesse, l’un à système pour les tout petits pour leur apprendre à compter et dire les jours de la semaine, et un autre pour les plus grands qui pose quelques questions existentielles.
Et puis, j’ai toujours dans la tête des foisons de poèmes pour les adultes.
Bien sûr, que ce soit un livre jeunesse ou un livre destiné à un lectorat adulte, il m’est impossible de les dissocier de l’illustration par le collage ou les encres…

eMmA MessanA auteure du livre L’Étoile de Grand-mère disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.