Dans ce roman autobiographique poignant, un homme anonyme dévoile une vie d’ombres et de triomphes, où chaque rencontre devient un miroir de son âme tourmentée. Il a croisé votre chemin sous un masque changeant, vous offrant un refuge pour vos rêves brisés, une route pour défier le vide, ou un art subtil pour vos ambitions chancelantes. Mais derrière ces dons se cache un guide énigmatique, «oculus meus te spectat» (mon œil te regarde), qui vous observe et vous pousse, entre douleur et fascination, à désirer ce que vous n’osiez saisir. Au cœur d’un monde professionnel impitoyable, il domine ou s’effondre, défié par des rivaux ou ployant sous des ordres cruels. Sa méthode, un cri contre les leçons creuses de la vente, s’ancre dans l’action brute – in actu posita (posé dans l’action) – et transforme la vente en un acte de rédemption.

Forgé par un combat tragique contre une maladie implacable, il en ressort vainqueur, mais à quel prix ? Des origines poussiéreuses aux cimes d’une gloire hantée, il puise dans la sagesse des anciens et la force des oubliés – mentors perdus, âmes croisées – un savoir déchirant, ab omnibus discere (apprendre de tous). Inconnu du plus grand nombre, adulé ou maudit par ceux qui l’ont frôlé, il tisse une confession où la victoire sur la mort se mêle à l’écho d’un désespoir éternel. Ce récit captivant, entre lumière vacillante et ténèbres profondes, ne vous vend pas un rêve : il vous défie de le choisir. Plongez dans l’histoire d’un maître brisé, dont l’art sublime la lutte et transcende le destin dans l’expression du « faire acheter ».

Extrait

…..Une vieille femme, un jour, m’offrit un café dans sa cuisine modeste, une tasse ébréchée tremblant entre ses doigts noueux ; elle me parla de son époux perdu, emporté par les années, et ses mots simples, dépouillés de tout artifice, me frappèrent plus que les vers sublimes de Racine ou les sermons flamboyants de Bossuet, car ils portaient la vérité nue d’une vie vécue. Un artisan, rude mais droit, me serra la main avec une vigueur qui valait tous les serments, et dans ce geste, je sentis une fraternité muette, une reconnaissance entre deux âmes errantes sous le même ciel impitoyable, un lien qui n’avait nul besoin de mots pour exister. Montaigne, dans ses Essais, ne disait-il pas : « Il n’est rien si beau et si légitime que de faire bien l’homme et dûment » ? Ces instants, tissés dans la trame rude de mon labeur, étaient des joyaux rares, des éclairs d’humanité qui donnaient un sens à mes pas harassés, à mes nuits sans sommeil, à mes matins où le froid mordait mes os. Et parfois, au détour d’une conversation banale, surgissait une profondeur inattendue, une vérité nue qui jaillissait comme une source vive dans un sol aride, un éclat de lumière dans l’obscurité.

Un commerçant, derrière son comptoir encombré de marchandises poussiéreuses, me confia ses craintes pour ses enfants dans un monde qu’il jugeait perdu, gangrené par l’incertitude et la dureté des temps ; une mère, dans un appartement exigu aux murs jaunis par la fumée, me parla de ses rêves brisés avec une résignation qui cachait une force immense, un courage silencieux qui m’ébranla jusqu’au tréfonds de mon être. Ces échanges, loin des chiffres froids et des clauses sèches des contrats, étaient des ponts jetés entre deux rives, des fenêtres ouvertes sur l’âme humaine, des moments où le temps semblait suspendu, où le bruit du monde s’effaçait pour laisser place à une vérité plus essentielle. Lucrèce, le matérialiste romain, chantait dans De Rerum Natura : « Rien ne naît de rien, tout procède des atomes et du vide » ; mais dans ces rencontres, je voyais naître quelque chose d’invisible, une étincelle qui défiait la froide mécanique du monde, une lueur qui n’appartenait ni à la matière ni au hasard, mais à cette mystérieuse alchimie qui lie les hommes dans leur fragilité.

Chaque client devenait un maître involontaire, un guide qui, sans le savoir, m’enseignait la patience, l’écoute, et parfois même une forme d’amour – non celui des poètes, tout de flammes et de soupirs, mais celui, plus rude, plus vrai, qui naît du partage d’une condition commune, d’une lutte partagée contre les vents contraires de l’existence, d’un regard qui dit : « Toi aussi, tu sais ce que c’est. »….