La joie des jours qui filent
de Yoan Anto
« Il nous faut arracher la joie aux jours qui filent », Vladimir Maïakovski.
À travers de courts récits, l’auteur explore la part intime de ses personnages. Une fois le vernis gratté, les politesses de façade effacées, qui reste-t-il ? Dans ces minuscules moments de vie, les armures se fendillent, les personnalités se dévoilent et révèlent leur part d’ombre ou de lumière. Et nous nous apercevons au final que, peut-être, ils ne sont pas si différents de nous. Avec toujours en leitmotiv cette recherche obstinée, désespérée d’une étincelle de joie dans cette incompréhensible succession de jours qui filent.
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La joie des jours qui filent est un livre de nouvelles, dans la catégorie littérature blanche, écrit dans un style contemporain. Chaque nouvelle contient son propre univers, même si les personnages se croisent parfois, au hasard d’une phrase ou lors d’une brève rencontre, comme dans la vraie vie.
Les thèmes abordés en filigrane sont ceux de la solitude, du temps qui passe, des amours déçus ou en devenir, de l’exclusion, des espoirs qui nous maintiennent debout, des rêves en passe de réalisation ou brisés.
Le lecteur partage l’intimité des personnages et traverse en leur compagnie un moment de leur existence : point de bascule, moment charnière ou instant du quotidien. Quelques minutes, heures, jours tout au plus. Il se reconnaîtra peut-être parfois dans leurs failles, universelles, leur héroïsme du quotidien, leurs premières ou dernières fois.
Extraits de La joie des jours qui filent de Yoan Anto
Chopin
« Elle insère le CD. Appuie sur Play. Chopin s’échappe… Ah, Chopin ! Le nocturne en Sib mineur. Ça commence doucement, le nocturne, c’est une mélodie feutrée, une musique de nuit. Quelques notes de piano, caressées du bout des doigts, qui s’envolent. Si légères qu’elle s’est dit, à leur première écoute : « C’est étrange, je n’avais jamais pensé à ça avant, c’est tellement simple pourtant, et c’est si beau finalement, la simplicité… » Elle n’a pas choisi cette musique au hasard. Lui, bien sûr, ne fait pas le lien. Il vient juste de poser ses valises et il parle. Correspondance ratée, train bondé.
Mauvais temps.
Elle l’écoute à peine, regarde vaguement cet homme trempé face à elle qui vient de traverser tout le pays pour la retrouver. Il n’a pas vraiment changé depuis la dernière fois, juste quelques détails. Les traits légèrement plus tirés, les cheveux un poil plus longs. Deux cratères mauves dessous ses yeux. Elle se souvient de leur première rencontre, six semaines auparavant. »
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Cheveux
« Je n’arrive pas à retenir les choses. Un cheveu, un homme ou un moment de bonheur, c’est pareil. Tout glisse entre mes doigts comme du savon mouillé. C’est terrible, cette incapacité chronique. Comme un handicap invisible, impossible à deviner. Même si j’emprisonnais tous mes rêves.
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Initiation
« Elle serrait fort la main de Thibault, presque à lui faire mal, proche de lui à le coller. Le jeune homme sentait par intermittence la pointe des seins menus de l’adolescente contre son torse. « Ça va ?… » Pas de réponse. Elle le fixait de ses prunelles bleuies par les rayons de lune, joues blanches, presque translucides, souffle saccadé. Les arbres derrière eux faisaient comme des fantômes grisâtres, leurs maigres branches tendues vers les jeunes corps, tels des ongles acérés qui voudraient les griffer. Thibault posa sa main libre sur le ventre d’Eloïse, à la recherche de son souffle. Elle respirait à grands coups, de manière saccadée. Sa bouche cherchait de l’air avec difficulté, comme un poisson brusquement arraché de son milieu naturel. Thibault voulait l’apaiser, tenter de la calmer. Mais comment s’y prendre ? Avec les filles, il n’avait jamais eu la notice. Les mots ne sortaient pas, ou plutôt si, mais ils se bousculaient, et ceux qui émergeaient du brouhaha de son crâne n’étaient pas les bons ou n’arrivaient pas dans le bon ordre, et il sentait bien que s’il ouvrait la bouche, il ne sortirait que des conneries. Alors, dans le doute, il préféra s’abstenir. Mais en même temps, il ne pouvait pas la laisser tomber, pas dans un état pareil. Il devait faire quelque chose. N’importe quoi. Agir.
C’est ce qu’il fit. Il agrippa solidement les épaules d’Eloïse, la colla contre lui et plaqua sa bouche sur la sienne, fort, pour lui donner un peu de son souffle, de son énergie vitale. Et en même temps qu’il faisait ça, il l’enveloppait entièrement de ses bras et de tout son être, comme pour la protéger du monde extérieur, la rendre invisible aux yeux des Autres. Les effacer pour une seconde de la réalité. »
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Le langage du corps
« Ça ne ment pas, un corps.
À l’instant même où il avait ouvert la porte d’entrée de l’appartement, un relâchement profond avait parcouru tout son être. Ses muscles s’étaient décontractés, son souffle amplifié, comme de l’eau qui s’écoule, une tension qui s’efface. Enfin, il était revenu.
Il paraît qu’après une longue absence, on pose à son retour un regard neuf sur les choses. Que l’éloignement fait prendre du recul sur le quotidien qui nous entoure. C’était le cas pour lui, dans une certaine mesure… Il éprouvait le sentiment étrange et contradictoire de pénétrer pour la première fois dans cet appartement, et en même temps, cet appartement, il le connaissait parfaitement, jusque dans ses moindres recoins. Il s’y sentait chez lui, comme dans ces lieux que l’on foule si souvent qu’ils font partie de nous.
Rien n’avait vraiment changé, comme s’il était parti la veille. L’odeur familière de peinture et de bois mélangés, le vélo rouillé en bas de l’escalier, le garage à sa gauche, saturé d’objets inutiles. La boîte aux lettres jaune, qui faisait comme un sourire au milieu de la porte.
Machinalement, il vérifia s’il y avait du courrier. Il posa sa main sur la rampe comme on dit bonjour à une vieille amie, l’agrippa solidement et commença à monter. Peu à peu, des bruits familiers lui parvinrent. L’eau qui s’écoule, le couteau qui tranche sur une planche en bois, les pas souples sur le carrelage.
Sa femme.
Elle lui apparaissait, marche après marche, tel un navire surgissant à l’horizon. Le mât, la proue, puis le bateau tout entier. Judith se tenait devant l’évier de la cuisine, nettoyant à grande eau des légumes colorés. Avant de s’avancer vers elle, il prit le temps de la redécouvrir. Cela faisait quasiment six mois qu’il était parti. Six mois… Après cette éternité passée loin d’elle, il avait presque oublié sa voix, son visage, la couleur de ses cheveux. Elle n’était plus qu’une mosaïque d’images et de souvenirs flous flottant dans sa tête, un kaléidoscope de sensations qui hantaient sa mémoire. »
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