Makhtar SAGNA a grandi à Ziguinchor, une ville paisible et cosmopolite qui s’étire nonchalamment sur la rive gauche du fleuve Casamance. Les jolis couchers de soleil sur le fleuve, les allées bordées d’arbres, les cigognes nichées dans les grands fromagers, les parties de pêche à la ligne au bord du fleuve, les dauphins qui escortent les bateaux à l’embouchure du fleuve Casamance, son atmosphère authentique, ont bercé son enfance.
Il a grandi dans la rigueur de l’enseignement de la morale africaine (distillée chaque soir de veillée familiale, par le biais de contes émaillés de sentences et d’apophtegmes où s’enferme la sagesse des ancêtres et qui dégagent « des morales » exhalant la culture dans laquelle ils sont ancrés), et aux confluents de la civilisation de l’oralité et de l’écrit, étroitement amalgamés.
Il commence l’écriture à l’adolescence après une enfance rythmée par la timidité, le mal-être et la colère. Il développe alors un goût prononcé pour la poésie en prose, comme support narratif de son récit intérieur. Alors que son immense souffrance n’est plus allégée par sa plume, elle l’abandonne pendant une longue période pour s’investir dans ses études et son devenir. Libérée de cette noirceur, deux évènements le décide à aller plus loin à travers ces poésies pour que sa résilience exulte.

Le naufrage du bateau « le Joola » :

Le 26 septembre 2002 près de deux mille personnes périrent au Sénégal dans le naufrage du bateau le Joola, reliant la Casamance à Dakar. Le non-respect à bord des normes de sécurité, la lenteur excessive des secours et surtout la gestion administrative et politique du dossier après le drame interpellent à plusieurs titres, notamment à propos de la valeur accordée à la vie humaine et du sens de la responsabilité étatique.

La visite de la « case des récalcitrants » de la Maison des esclaves de l’ile de Gorée :

La Maison des esclaves de l’ile de Gorée (Sénégal) contient plusieurs cellules présentées comme ayant accueilli différents types de populations (les hommes, les femmes, les enfants, les jeunes filles, les récalcitrants). Dans la « case des récalcitrants », une cellule d’un mètre de large autant de hauteur, sur un mètre cinquante de profondeur, qui pouvait contenir jusqu’à 6 esclaves, étaient enfermés les détenus les plus indociles, les détenus dont le corps est un lieu de souffrance mais l’esprit un espace infini de résistance.

La mémoire engloutie

Le temps perdu est l’écho du murmure du passé
Car le manque est encore une présence
Qui défie l’éternité.
Sur ce gouffre immense, la mer s’est refermée,
Emportant par le fond, des espoirs insensés
Et le souffle de la mémoire englouti.

Angry bird

le feu de la colère est l’émotion qui donne souffle à ma poésie
la colère rentrée qui s’exprime
la colère qui déconstruit et reconstruit
la colère qui se nourrit de passions
la colère qui participe au processus de la survie et qui apaise
et enfin jaillissent les mots pour exprimer les émotions

Je dédie ce travail à la mémoire de mon défunt père Almamy SAGNA, décédé le 21 août 2007 à Ziguinchor. Mon père a tout fait pour que nous puissions aller le plus loin possible dans nos études. Au détriment de son confort personnel, et malgré la composition de sa famille, il cherchait toujours à s’assurer que toutes les contraintes que nous avions dans nos différents établissements scolaires et universitaires soient levées.
Ce travail est aussi dédié à ma mère Khady SENE pour toutes ses souffrances et sacrifices dans le but de permettre à ses enfants de réaliser leurs rêves. En effet, ma mère nourrissait l’espoir insensé que je deviendrai quelqu’un d’important et j’étais résolu à devenir ce qu’elle attendait de moi. Cette conviction maternelle donna un sens à ma vie et de transformer les difficultés du passé en ressource pour réaliser mes rêves.
Enfin, je dédie ce travail à ma famille, notamment mon Oncle Famara Ibrahima SAGNA, qui s’est distingué par son grand soutien moral et financier dans mon éducation et mon bien-être.
J’achèverai ces dédicaces en remerciant les amis avec qui j’ai cheminé durant toutes ses années.
À vous tous qui m’êtes chers, je vous dédie également ce bouquet.