Dans cet essai, fondé sur une enquête ethnographique, je propose une immersion au sein du mouvement graffiti en France. Pour la première fois, la parole est donnée à des artistes confirmés, actifs depuis plus de vingt ans dans ce milieu. Leurs témoignages permettent d’éclairer la manière dont ils exercent et se représentent leur passion.
L’ouvrage apporte un éclairage critique sur la codification de cette pratique et sur la quête de reconnaissance que procurent certaines formes de réputation associées au graffiti. Il aborde également la relation que certains acteurs entretiennent avec le monde de l’art.

Ce livre s’adresse à un large public, qu’il soit néophyte, passionné ou connaisseur du mouvement.
Il propose une vision actualisée du graffiti et prolonge les travaux de chercheurs tels qu’Alain Vulbeau, Nicolas Mensch ou Virginie Grandhomme.

Dans cet ouvrage, ce que j’ai voulu étudier, à partir de la rencontre de plusieurs graffeurs, ce sont donc leurs trajectoires biographiques. J’ai cherché à comprendre comment, depuis le temps de la découverte de la pratique, s’est développée une approche du graffiti plus sérieuse et une passion toujours présente après dix ou vingt années d’activité. J’ai voulu comprendre comment s’engage et se construit une carrière de graffeur. Qu’est-ce qui a maintenu la passion, ce loisir, aussi vivace chez ceux qui pratiquent le graffiti depuis des années, sans relâche, qu’est-ce qui a contribué à ce que l’envie ne s’estompe pas ? Est-ce que la passion s’exerce de manière linéaire ? Y’a-t-il des périodes d’arrêt puis de reprise de la pratique ? Quelles sont les sources de motivation des acteurs ? J’ai aussi voulu comprendre pourquoi certains restent des activistes de l’ombre et se nourrissent toujours du caractère transgressif du graffiti, quasiment clandestin, après des années, quand d’autres peuvent chercher à en vivre, sont parvenus parfois à devenir des artistes reconnus, ou travaillent dans des univers créatifs périphériques, qu’il soit celui du tatouage, du graphisme, de l’illustration, du jeu vidéo parfois. Est-ce vraiment volontaire ou contingent ? Comment certains ont choisi de vivre de leur passion et comment ont-ils pu en vivre ? Est-ce seulement une question de talent et d’inspiration ?
D’implication et d’acharnement dans le travail de création ? Est-ce dû au hasard des rencontres ? Y aurait-il des prédispositions, une forme de déterminisme ou des influences sociales qui permettront à certains de s’orienter sur une pratique du graffiti plus conventionnelle, professionnelle, au contact des mondes de l’art, quand d’autres, a contrario, resteront durant toute leur carrière des inconnus pour les milieux de l’art et se maintiendront dans une pratique informelle, presque invisible, en dehors du regard de leurs pairs ou de leurs proches.