Description
Le thème de ces écrits se base sur la recherche d’une vie meilleure, dont l’ambition était commune pour les Antillais de la génération BUMIDOM. Après la lecture de ces nombreuses lignes, on comprend un peu plus la présence en grand nombre des ressortissants d’outre-mer en France.
Ce livre ne s’adresse pas qu’aux Antillais, mais cible un large public, désireux de voir un parcours mouvementé. L’histoire de ma mère n’est pas banale. S’imaginer qu’elle a pu vivre dans un bien appartenant à une personne fortunée sans être démasquée, l’est également. L’audace et la pugnacité ont permis d’obtenir le résultat escompté. Des lecteurs s’y retrouveront sûrement…
Extrait
« Il y avait énormément de monde. J’ai pu voir de nombreux prétendants à ce voyage, accompagnés de leurs proches parfois en larmes, tout en imaginant que nous avions le même but : avoir un meilleur avenir.
Vêtue de cette belle tenue confectionnée par ma marraine, je suis munie de mon billet et devais me diriger vers la salle d’embarquement. Il était l’heure de quitter mes proches. Ma marraine m’a adressée également ses recommandations, corroborant celles de mon parrain que j’avais eues le matin même. Les pleurs résonnaient dans cette salle. J’ai embrassé mes deux sœurs et mon frère puis emprunté un long couloir qui m’a amenée à la porte numéro trois. Je me suis retournée afin de tenter de les apercevoir, mais les futurs passagers qui me suivaient m’empêchaient d’entrevoir les silhouettes de ma chère famille. Les chants retentissaient :
— Ce n’est qu’un au revoir mon frère,
— Ce n’est qu’un au revoir,
— Ce n’est qu’un au revoir,
— Nous reverrons la Martinique.
Sur notre droite, des autres membres de l’équipage se tenaient devant chacune des portes. Pendant mon avancée, je saluais la foule d’un signe de la main, espérant voir mes êtres chers. La foule qui se massait sur la terre ferme nous répondait également tout en continuant à chanter. Arrivée à la porte trois, d’autres passagers attendaient en file indienne avant de pouvoir présenter une nouvelle fois leur billet et d’être dirigés directement vers leur cabine. Ils reprenaient en cœur ce chant inoubliable dans une atmosphère d’immense tristesse. Je n’ai pas attendu longtemps, avant d’avoir été prise en charge.
Le français imparfait, mais compréhensible du membre de l’équipage m’a tout de suite confortée dans l’idée que ce bateau était composé de personnels étrangers. J’étais tout de même rassurée. Au fur et à mesure que le chaleureux employé me conduisait à ma cabine, un sentiment de satisfaction me regagnait. Séparée de mes enfants, je savais qu’ils étaient entre de bonnes mains. J’étais désormais prête à me construire un avenir professionnel. »