Les Cahiers de Paul
de Sylvane Casademont
Je m’adresse à celles et ceux qui sont sensibles aux vies de tous et de chacun, qui écoutent les conteurs, qui aiment l’histoire, les histoires, d’amour, de guerre ou de paix. Je m’adresse aussi aux jeunes qui ont la curiosité des époques et des façons de vivre éloignées de la leur.
Je vous propose de m’aider à promouvoir mon livre, qui sera publié aux Editions Maïa, en pré-achetant des exemplaires avant sa parution. La loi du marché veut en effet que plus les préventes sont nombreuses, plus cela encourage l’éditeur à sa promotion et à sa diffusion. Vous recevrez en échange le livre en avant-première, serez cités en page de remerciements (selon accord) et invités à sa présentation. Merci à tous pour votre soutien dans la réalisation de ce beau projet !

Hyper sensible, romantique et sensuel, susceptible, cultivé, esprit fort, Paul était en avance sur son temps et vécut avec audace ses engagements hors des normes sociales en vigueur. Il en fit le récit dans quarante-sept cahiers qu’il me dédia, à moi sa petite fille, espérant sans espérer que je les lirais un jour. Je les lus. Je décidai alors de faire résonner sa voix en la mêlant à la mienne, insérant entre ses lignes mon regard de femme du XXIème siècle, brossant, à travers l’histoire de personnages qui ont réellement existé, la sociologie de ma Franche-Comté natale. Mon dialogue avec lui se noue, à un siècle de distance et par-delà sa mort, dans l’entrelac de nos deux plumes qui esquissent simultanément deux époques, à la fois si lointaines et si proches.
Extrait
La neige recouvrait le sol. Le soir tombant avait déposé une légère couche de gel qui la rendait craquante dans les prés et les sous-bois et glissante sur la route qui montait au col des Ages à l’orée des forêts de la Joux et de la Côte, à l’endroit précis où passe aujourd’hui la quatre voies qui mène du Valdahon à Orchamps-Vennes. C’était la fin de l’automne ou le début de l’hiver. Il pouvait être entre quatre et cinq heures du soir. Il faisait entre « chien et loup ». Plutôt loup.
Souple et silencieux, l’animal suivait le sentier qui sinuait dans la forêt entre les troncs et les branches des sapins, parallèle à la route. Museau tantôt levé, tantôt au sol, oreilles mouvantes et yeux aux aguets, il était attentif aux moindres mouvements de tout être vivant mangeable assez malchanceux pour mettre aile ou patte dans son champ de vision ou épandre son odeur sur son passage. Tout le jour, la chasse avait été infructueuse. Le froid et l’hiver rendaient trop rares les repas substantiels. Le bruit familier de pas humains et l’odeur caractéristique de l’ennemi héréditaire le stoppa net. Fallait-il fuir ? Son œil perçant repéra d’emblée la frêle silhouette qui abordait avec précaution la montée brève et raide qui pénétrait le bois. Un petit d’homme… Voilà une proie inhabituelle, dangereuse et aléatoire. Qu’allait-il en faire ? La faim qui le tenaillait autorisait toutes les audaces. Indécis, prudent, il se dissimula à moitié et régla son pas sur celui du bipède. L’enfant venait à son tour de repérer la bête. Il la prit d’abord pour un grand chien. Vraiment grande, pour un chien, vraiment noir, son pelage, vraiment très luisants, ses yeux … Un loup ! Il en restait encore quelques-uns dans les montagnes jurassiennes, en cette fin de XIXème siècle, avant qu’on ne les exterminât – et qu’ils y reviennent aujourd’hui…
Âgé d’environ neuf ans, vêtu d’une pèlerine, le petit garçon portait sur la poitrine et dans le dos deux bissacs, heureusement vides : il venait de livrer deux miches de pain de trois kilos au restaurant situé à une paire de kilomètres de son village. Il était un des fils et le petit livreur du boulanger de Flangebouche. Il avait l’habitude de faire le chemin à pied avec ce chargement. Par beau temps, en été, au printemps, il aimait cette promenade, marcher, courir, freiner, selon le profil de la route. Il jouait à améliorer ses performances, gagner une ou deux minutes sur le trajet aller-retour et revenir plus vite, fier de son exploit, se jeter dans les bras de sa mère pour lui entendre dire tendrement : « Déjà là, Paul ? ». En hiver, c’était moins aguichant. On lui avait sans doute fait la leçon : « Si tu croises le loup, tâche bien de ne pas tomber ! Il t’attaquerait ». Comme tous les enfants, il connaissait l’histoire du Petit Chaperon rouge, pas dans sa version la plus optimiste. Je n’en mène pas large. Sur les arêtes glacées, mes souliers ferrés ont peine à mordre. Surtout ne pas courir. Ne pas glisser. Il serrait le gourdin qu’il tenait à la main, bien légère défense dans les bras d’un freluquet de mon âge. Le loup cheminait à sa hauteur, l’observant de temps à autre, sans hâte, marchant sans peine, paisiblement, dans la neige à peine durcie. Rester debout. La côte en patinoire n’en finissait pas. A coup sûr on l’a allongée. Le garçon sue de peur. Ne pas tomber, ne pas se hâter, poursuivre l’effort, atteindre le col, et ensuite … à une dizaine de mètres, parvenir à la hutte habitée par un pauvre hère, moitié mendiant, moitié manœuvre… très brave homme. Le salut gît dans la hutte. Mais… La masure se trouve à gauche, dans la ligne du loup… L’enfant craignait que le loup, voyant la masure et sentant sa proie lui échapper, ne brusque l’attaque. Il parvint au sommet de la côte, enfin ! J’évalue la distance vers la masure, je presse progressivement le pas, et je bondis sur la porte en frappant à coups redoublés. Le pauvre hère alerté par les coups, ouvrit : « C’est toi Paul ? – sous-entendu : … qui fait ce raffût ? – Un loup ! un loup ! le loup, là ! » cria Paul haletant. Le vieux sortit, eût juste le temps de voir la bête effrayée par le tapage et la survenue de l’homme disparaître, preste, dans l’obscurité de la forêt. « Reprends ton souffle. Sois tranquille, le loup va regagner sa tanière et chercher son repas ailleurs ! » dit le vieux.
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Les étapes de création
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