Ce troisième recueil de « bouts-rimés » cherche à ressusciter l’intérêt de ceux qui ont pu prendre quelque plaisir à lire les deux précédents, et à faire découvrir à de nouveaux lecteurs un univers qui se réfère – explicitement ou non – à Villon, Rabelais, Jean de La Fontaine et à tous ceux qui ont suivi, jusqu’à nos modernes troubadours. Ce qui devait initialement n’être qu’un triptyque, avec ses trois volumes de poésies et chansons, prend le chemin d’être un ensemble de quatre tomes (si Dieu me prête vie, comme disait l’autre).

Mais lisez donc déjà le troisième : il y a de quoi se distraire ; avec, toujours, des histoires à raconter, des colères à faire partager, et quelques ricanements de mauvais aloi. Le choix de la forme rimée représente ce qui promet à son auteur quelques « bonheurs d’écriture », de ceux qu’il n’aurait sans doute pas rencontrés sans la versification.

Extrait

Janus

Connaissez-vous Janus
Le dieu aux deux visages ?
Il n’est pas un minus,
Dans notre aréopage !

C’est le dieu des Latins,
Qui exhibe au Parnasse
– Ou sous le Palatin …
Une tête à deux faces.

Le premier front tourné
Vers l’avenir poltron ;
L’autre vers le passé :
C’est le « Janus Bifrons ».

C’est un dieu domestique.
Au seuil de la demeure
Il contrôle au portique,
Afin qu’on ne vous leurre.

Il accueille, au dehors,
L’arrivant qui s’approche,
Et guette ce qui sort,
S’il est Traître sous roche.

Je suis, comme Janus,
Un personnage double :
Un brave sot de plus,
Qui trop vite se trouble.

Un empêché du bulbe
Au royaume des dieux,
Et misérable inculte
À côté des studieux.

Mais aussi l’armateur
Qui connaît son ouvrage,
Et qui fuit l’imposteur
Autant que le servage.

Mais aussi le trancheur
De montagnes-à l’œuvre,
Au-devant des tricheurs,
Avaleurs de couleuvres.

Un dissident lucide !
Au sujet du cafard
Dont celui qui décide
Abuse du poignard.

Entrez dans ce final
De l’auteur anonyme,
Apprécier le métal
Du geste qui l’anime.

Entrez prendre le pouls
D’une époque barbare,
Au fil des interviews
Qu’il accorde à la barre.

Je suis sur le dancing
Un lustre qui en jette
Aux terribles Vikings :
Une boule à facettes.

J’ai bien des plis amers
Sous le lisse du derme,
Et tout payé trop cher …
À tous les sens du terme.

Mais je voudrais en rire,
Avec beaucoup d’éclats
Pour ne pas me proscrire
Au prix d’un pugilat.