Entretien avec Marie-Hélène Lafouge auteure Nouvelles Calédonies – Du temps des cerises au temps des letchis
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
La parution de mon livre a été une expérience très émouvante : contentement de tenir l’objet entre les mains, d’admirer la couverture pourtant travaillée en amont avec les maquettistes, de voir les mots, les lignes, les dialogues s’inscrire sur une page blanche. Tout ce que j’avais imaginé prenait forme et vie comme un rêve en train de s’accomplir.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Mon premier lecteur se trouve être une autrice qui a déjà publié plusieurs ouvrages, et qui m’a écrit 3 jours après réception de son exemplaire : « Un petit mot pour te partager mon plaisir ! Je me régale de ton texte, de l’écriture autant que de la narration. Je suis impressionnée par la façon dont tu donnes vie à ces êtres, époques et lieux de passé, dont tu nous fais entrer dans la grande histoire par la petite porte, dont vies minuscules et grands événements s’entremêlent… cette lecture est d’autant plus émouvante qu’elle ouvre un pan d’histoire familiale qui soudain prend corps. Quel travail ! Je le savoure et t’adresse un grand bravo pour cet accomplissement dont, comme tu t’en doutes, je mesure l’ampleur. » Ce premier témoignage a été suivi de nombreux autres, tout aussi élogieux. Certains lecteurs sont plus portés sur la qualité de l’écriture, d’autres sur l’histoire, d’autres sur le parcours des personnages… Des historiens de Nouvelle-Calédonie ont validé la véracité de mon travail de recherche, l’une d’elle m’a écrit : « En un week-end, j’ai commencé et terminé la lecture de ton livre, et j’adore ! J’ai eu du mal à le reposer et les aventures d’Eugène m’ont hantée toute la nuit. Bravo ! »
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
J’ai vécu l’expérience d’édition avec autant d’exaltation que mon travail d’écriture. Les contacts avec l’équipe de la maison d’édition (signature du contrat, travail de promotion, envoi des maquettes) ont fait osciller mon moral de la même façon que la page blanche ouverte sur mon ordinateur, les jours d’attente succédant aux jours de bonheurs, avec parfois un moment de découragement surmonté dans une nouvelle frénésie de travail : je n’ai jamais perdu espoir tant que j’avais en mains la possibilité d’améliorer le produit fini que je voulais. La leçon à en tirer est : ne jamais transiger sur la qualité, que ce soit du texte ou du livre fini.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’originalité de mon livre se situe dans l’histoire absolument unique qu’elle raconte, et aussi dans la façon dont elle est transmise : la trame autobiographique est authentique, mais chacun sent qu’au-delà des registres d’état-civil, qui ne livrent que des dates de naissance, de mariage, de décès, et parfois des indices sur les personnes témoins de ces événements, il fallait donner une vie et des sentiments aux différents protagonistes, un physique, une volonté, des opinions qui nous les rendent proches et assimilables. C’est cette part d’imagination qui a séduit la plupart des lecteurs, au point que je les ai tous soumis à un « sondage » : de tous les personnages du roman, lequel vous a semblé le plus attirant ? Les réponses sont variées, avec un personnage qui prédomine toutefois.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Le travail d’écriture a commencé par des recherches historiques très poussées : lecture, prise de notes, conférences, puis recherches personnelles dans les registres d’état-civil. Ensuite j’ai raconté l’histoire oralement, en remontant le temps chronologiquement pour percevoir les éléments que les lecteurs potentiels avaient envie de voir approfondir. Enfin quand tous les personnages ont été prêts dans ma tête, ils se sont mis en route sur les pages. Rapidement, je me suis rendue compte que les personnages masculins m’échappaient et qu’il me serait difficile de parler pour eux. J’ai donc pris l’option de raconter l’histoire du point de vue de ces femmes qui, à défaut d’avoir décidé de leur sort, ont décidé de suivre leurs hommes de l’autre côté de la terre : femme de déporté politique, femme de colon, femme de bagnard.
Je n’ai pas de véritable méthode, la plupart du temps, ce sont mes personnages qui me tiennent la plume. Le jour où ils refusent le rendez-vous, je relis les pages écrites précédemment pour retrouver une ambiance, une émotion. Parfois je retrouve un filon, parfois je me contente de ciseler une phrase, de reprendre une expression. Il arrive que je reprenne une photo ou un texte de l’époque pour « faire repartir la machine », mais je ne force rien.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Un autre livre est envisageable, le thème n’est pas encore choisi. Quand vient le plaisir d’écrire, je noircis des pages, qui n’ont pas forcément de lien les unes avec les autres, mais qui ont en commun d’entrouvrir une porte sur une scène familiale tantôt drôle, tantôt douloureuse. Des souvenirs qui n’attendent que le moment de se ranger pour forger une nouvelle histoire.
Marie-Hélène Lafouge auteure du livre Nouvelles Calédonies – Du temps des cerises au temps des letchis disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.