Entretien avec Marylène Cardi auteure d’Écoute mon cœur pleurer
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
J’ai ressenti une profonde reconnaissance pour le travail accompli et l’aboutissement de plusieurs années d’efforts. C’était un moment de fierté légitime d’avoir mené à bien ce projet qui me tenait à cœur. Au-delà de la satisfaction personnelle, voir mon livre publié représentait aussi une validation de ma démarche d’écriture et la concrétisation d’un rêve longtemps nourri. Cette parution marquait une étape importante de mon parcours, le passage du statut d’auteure en devenir à celui d’auteure publiée, avec tout ce que cela implique d’engagement et de responsabilité vis-à-vis des lecteurs.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Les retours des premiers lecteurs ont été globalement très encourageants. Beaucoup ont souligné la richesse documentaire et la précision des détails dans la narration des événements. Plusieurs m’ont confié avoir découvert une page méconnue de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en Corse, avouant même avoir cru à tort que l’occupation italienne s’était déroulée de manière harmonieuse, sans comprendre les souffrances endurées par la population. D’autres lecteurs ont apprécié la fluidité du récit et le fil des énigmes qui traverse le roman, certains allant jusqu’à me dire qu’ils l’avaient lu deux fois tant l’histoire les avait captivés. Ces témoignages confirment que le livre remplit sa mission : transmettre l’histoire tout en maintenant l’intérêt romanesque.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Cette expérience d’édition a été extrêmement enrichissante. J’ai bénéficié d’un accompagnement soutenu tout au long du processus, avec des conseils avisés qui ont bonifié mon manuscrit sans jamais dénaturer ma vision. La grande liberté qui m’a été accordée dans mes choix a permis d’obtenir un résultat au plus près de mes aspirations. Pour l’auteure solitaire que j’étais, habituée à travailler seule face à ma page blanche, cette collaboration a représenté une main tendue précieuse, particulièrement sur les aspects organisationnels et éditoriaux. J’ai appris l’importance du regard extérieur et du dialogue constructif dans la maturation d’une œuvre.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’originalité de mon livre réside dans ce mariage entre roman et documentaire historique. Cette période cruciale de l’histoire corse n’avait jusqu’ici fait l’objet que de récits purement documentaires. En choisissant la forme romancée, j’ai voulu insuffler du suspense, de la vie et de l’authenticité aux événements vécus par la population, donner chair et voix à ces hommes et ces femmes. Cette approche a suscité des réactions contrastées : certains lecteurs, attachés à une approche plus académique, y ont vu un point négatif. D’autres, au contraire, ont salué cette manière de rendre l’histoire accessible et vivante, et m’encouragent vivement à poursuivre dans cette voie. Ces divergences de perception montrent que le livre ne laisse pas indifférent et suscite une vraie réflexion sur la transmission de la mémoire.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Mon travail d’écriture s’est construit en plusieurs étapes distinctes. La première fut motivée par ma passion de toujours pour l’histoire des luttes pour la liberté. À travers ce livre, j’ai voulu faire revivre des femmes et des hommes qui se sont distingués par leur courage, leur sens du devoir, du sacrifice, et leur volonté de justice dans un monde de violences et d’injustices. À l’heure où l’humanité est à nouveau marquée par la guerre et la mort, il me semble essentiel de rappeler que si la condition humaine est par essence tragique, elle n’est pas condamnée au désespoir si elle se donne les moyens de lutter. Mon livre est un message de non-renoncement et d’espoir à transmettre aux jeunes générations.
La deuxième étape a consisté en une recherche documentaire approfondie sur la période 1942-1944, particulièrement dense en événements en Corse. Je me suis déplacée sur les différents sites, j’ai rencontré des témoins qui m’ont livré leurs souvenirs. Je me suis notamment rendue à Casa Pieraggi pour découvrir avec émotion les ruines de l’école du hameau où enseignait ma mère, représentée dans le roman par le personnage de Savia. Je me suis également plongée dans mes propres souvenirs d’enfance pour faire revivre les lieux, les traditions maintenues malgré la tourmente, et rendre hommage à ces personnes courageuses dont les actes n’ont jamais été reconnus.
La troisième étape a consisté à organiser les événements et témoignages par ordre chronologique et selon leur situation géographique. Ma méthode d’écriture repose ensuite sur l’imagination : je laisse l’histoire se dérouler naturellement, l’imagination servant de véhicule-pilote tandis que les détails historiques puisés dans ma documentation trouvent leur place au fil du récit. Le tout est encadré par trois garde-fous essentiels : le respect de la chronologie, la cohérence géographique et la véracité des faits.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Oui, j’envisage d’écrire un autre livre. Je suis actuellement en recherche du sujet qui saura m’enthousiasmer et me passionner au point de me donner l’élan nécessaire pour me lancer dans cette nouvelle aventure littéraire. Je sais désormais qu’il me faut un sujet qui résonne profondément en moi, qui allie histoire et humanité, pour que l’écriture coule avec la même intensité et la même sincérité que pour ce premier roman.
Marylène Cardi auteure du livre Écoute mon cœur pleurer sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.