Entretien avec Automne Laroche – Métamorphose – La sagesse des mots

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

La publication de mon livre qui retrace mon épopée pour surmonter la fibromyalgie, m’est apparue comme une libération, comme si une nouvelle page de ma vie s’ouvrait devant moi. Il y avait eu un « avant » puis un « pendant » la maladie et la souffrance, je découvrais les premiers « après ». J’ai ressenti la satisfaction d’être allée au bout d’un projet, d’avoir réalisé un rêve. L’écriture demeurait jusqu’alors inaccessible dans mon esprit. Son édition m’a permis de croire en mes capacités mais à aussi légitimer mes mots.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Les premiers lecteurs ont bien entendu été des proches, tous ont été en premier lieu surpris que j’écrive, que je parle de moi, de mes échecs et déconvenues et la plupart ont découvert la maladie dont j’ai souffert pendant près de deux longues années avec stupéfaction. Nombreux ont été ceux qui ont tenu à me faire un « compte rendu » de mon récit, et je les en remercie. Même si je les ai écouté avec infiniment de reconnaissance j’ai tout de même été très intimidée de confronter l’intimité de mes confidences écrites aux face à face de leurs retours, bien que toujours très bienveillants.

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

Les différents intervenants Maïa, m’ont accompagné avec une écoute compréhensive aussi bien dans le graphisme, la relecture que dans la promotion de ce premier essai. Écrire est une chose, mais peaufiner son travail jusqu’à le rendre disponible au grand public nécessite une véritable organisation, dont je suis reconnaissante d’avoir pu bénéficier pour faire éclore ce tout premier manuscrit.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

L’originalité de mon livre tient me semble-t-il à la singularité de mon histoire, tout à fait personnelle et même je dirais, intime. J’ai tenté de dévoiler les secrets de ma guérison, par la mise en lumière des aléas d’un cheminement psychologique, émotionnel et physique. La maladie tout comme celui qui en souffre est unique, il n’y a donc pas deux souffrances, ni deux guérisons identiques. Néanmoins, j’ai essayé de mettre en mots une attitude, des prises de conscience qui peuvent permettre à chacun d’élucider son propre mystère, son propre mal-être. De questionner sa maladie et son rapport à la vie mais aussi d’accepter la maladie non pas comme un ennemi à abattre aveuglément mais comme un guide sur le chemin de la métamorphose.

Ces confidences, sont autant de questionnements qui invitent chaque lecteur à s’interroger sur sa propre existence et ses propres expériences. Dans les retours qui m’ont été offerts, j’ai remarqué, que chacun avait été marqué par un élément, un événement ou un ressenti particulier qui fait écho à sa propre vie ou à l’une de ses propres blessures. Il n’y a donc pas une lecture de mon livre mais bien autant de lectures possibles que de lecteurs.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

J’ai débuté ce livre dans la souffrance, la douleur ne me laissant aucun répit, me permettant de tenir assise à peine quelques minutes chaque jour, sa rédaction s’est avérée une véritable épreuve aussi bien physique que mentale. Dès que mon état le permettait je déversais mes mots le plus vite et le plus intensément possible. Puis, c’est seulement quand les douleurs ont commencé à décroître puis ont fini par disparaître que j’ai pu achever mon texte dans cette sérénité (re)trouvée.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

J’ai toujours mon bloc-note virtuel sur moi, je note, je catégorise, je trie mes idées, tout ce qui peut être exploitable pour être développé ensuite. Tout ce qui me choque, m’interpelle ou m’intrigue devient un sujet d’investigation, un nouveau questionnement, mais aussi l’exploration de mon propre vécu en lien avec le sujet qui me donne à réfléchir. Ma narration se forge alors à partir de mon expérience singulière, bonne et parfois douloureuse, et je tente d’entrecroiser la réflexion, le ressenti et l’expérience personnelle, comme une tresse qui me permet d’expliciter mes propos.

J’ai d’ailleurs, je l’avoue tout un tas de petites notes, que je commence à rassembler sous une même bannière, plus le temps passe plus je m’interroge sur l’expérience que je fais de la vie en tant que femme. Il ne s’agirait pas d’un énième essai féministe, mais encore une fois, davantage d’une analyse, d’un témoignage aussi bien de mes blessures corrélées à ma condition de Femme, qu’à mes aspirations futures par et pour le féminin au sein de notre société post-moderne…