Entretien avec Bernard Creutz auteur de Noix d’arec

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Des sentiments mêlés de soulagement et de satisfaction à l’aboutissement d’un travail entrepris sur quelques années, mais aussi de regret de me dessaisir d’un récit personnel, de le clore et donc de cesser d’en travailler le texte, ont accompagné la parution de mon livre.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Les retours des premiers lecteurs ont tout de suite souligné l’originalité de mon livre oscillant entre récit de voyage, roman initiatique et thriller sur fond de passion amoureuse : un livre inclassable qui en a surpris certains, parfois déconcertés par l’intrigue complexe, les nombreux lieux et personnages ou les césures de l’expérience birmane du narrateur dans un récit se déroulant principalement en Indonésie. 

Mais la plupart de mes lecteurs ont pris plaisir à entrer dans l’aventure, certains passages les ayant fortement impressionnés par leur inspiration et/ou leur style : la scène de fantasmagorie dans la grotte de Latea (du réalisme à la Marquez, m’a-t-on dit!) ; la description aussi sordide que poétique des bas-fonds de Rangoon ; la merveilleuse légende des arbres tana de Kambira ; la description des noces à Langda et surtout celle de Son… Ils m’ont dit avoir apprécié ma sensibilité au monde malais et de les avoir plongés dans une ambiance à la fois précise et envoûtante. 

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

Comme ce n’est pas mon premier contact avec des maisons d’édition, je souhaitais que mon travail d’écriture soit respecté par l’éditeur, ce qui a été le cas : associé à une campagne de promotion efficace, le processus de création du livre a été bien conduit (maquettes externe puis interne (avec possibilité d’ajouter ou de supprimer quelques phrases) correction orthographique…), avec une couverture réussie (effectuée à partir de documents personnels) et des sauts de pages acceptés entre les chapitres. 

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Lorsque j’écris, je ne vise pas un public en particulier, sinon je cesse d’écrire. Lorsque j’écris, je n’ai ni rituel, ni astuces, ni plan établi que je me forcerais à suivre… Ecrit de jour ou de nuit, au gré, le récit se fonde à partir de recherches effectuées au fil de sa progression et se construit par morceaux qu’il me convient ensuite d’ajuster, d’organiser pour le faire « sonner » : cette harmonie à trouver passe tout autant par l’histoire bien sûr que par un important travail sur la langue. 

Ce livre a mis deux ans à naître, des périodes l’ont vu être mis de côté, presque abandonné, puis repris avec de nombreux élagages et réécritures… Trouver un juste équilibre entre choses racontées, décrites, ressenties et un monde non-dit, plus obscur, que le lecteur pourra construire et y installer son imaginaire.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

J’envisage d’écrire un autre livre : de la poésie ? un récit de voyage, une quête qui peut-être se déroulera entre le Tibet et les territoires Karen de Birmanie… ou à Sri Lanka ? Me laisser happer par les mots, les sonorités, les couleurs, les histoires, vivre, regarder, sentir et interroger le monde et moi-même, n’est-ce pas un immense plaisir que cela ?