Entretien avec Catherine Kazan auteure de Matriochka – Le Désordre des poupées
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Lorsque j’ai ouvert le carton contenant les premiers exemplaires de Matriochka, le désordre des poupées, j’ai eu l’impression d’être une enfant découvrant son cadeau de Noël. J’ai pris un livre en main, en proie à un délicieux mélange d’émerveillement et de surprise. La couverture était encore plus belle que je ne l’avais imaginé, et les mots que j’avais si longtemps portés s’étaient enfin incarnés. Ils étaient là, posés sur le papier. L’histoire ne m’appartenait plus, elle s’en allait, libre, vers d’autres mains, d’autres regards. Alors la joie est venue, vive, lumineuse, enfantine. La joie d’un rêve devenu réalité.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
La couverture remporte un énorme succès ! Mes lecteurs me confient qu’ils aiment mon style, mais aussi que Matriochka leur parle, les touche. Le récit semble réveiller des souvenirs, faire surgir des émotions enfouies, ou les inviter à questionner leur propre histoire familiale. Souvent, ils me confient ces fragments de vie. Ces moments de partage sont profonds, intenses et parfois bouleversants.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Écrire est un acte solitaire. L’expérience de l’édition est celle d’une mise en lumière dans le cadre d’un travail d’équipe. C’est passionnant !
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Le roman s’organise autour du symbole des poupées russes. Mais au lieu de s’emboîter dans l’ordre et l’harmonie, ces poupées sont en désordre, abîmées, révélant des fractures dans la filiation, une quête identitaire vitale et la traversée nécessaire du chaos. Le récit s’ancre dans une réalité historique et familiale, tout en s’ouvrant à une dimension poétique et transformatrice. Au fil des pages, la reconnaissance de ces femmes malmenées par l’Histoire conduit à la renaissance d’une dimension féminine longtemps étouffée. Ainsi, le désordre devient l’une des faces du vivant, il permet à l’amour de se redéfinir et de s’élargir.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Je passe toujours par une phase de chaos… Les idées affluent, se bousculent, trop nombreuses parfois ! Puis, peu à peu, quelque chose se dégage, prend forme, émerge du désordre. Les idées, c’est tout le temps, et tant que je n’écris pas, je suis encore « vivable », enfin… j’espère ! Par contre lorsque je rentre vraiment dans l’écriture, il me faut du temps, du silence, des journées entières sans rien d’autre à faire. C’est seulement alors que « ça » peut sortir. Mon moment préféré pour travailler, pour ciseler les phrases, c’est le matin, très tôt, juste après le petit-déjeuner. J’aime cette heure suspendue où le monde semble encore endormi. Mon rituel est immuable : je reste en pyjama, emmitouflée dans un large peignoir en laine polaire, une grosse théière de thé noir à portée de main, seule face à la page blanche de l’écran de mon ordinateur. Alors, enfin, les mots peuvent venir.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Oui, j’ai plusieurs projets en cours. Depuis que j’ai mis le point final à Matriochka, j’ai écrit un corpus d’une trentaine de textes poétiques, Seul le Feu, ainsi qu’un conte pour enfants. J’aimerais collaborer avec un ou une photographe pour accompagner les poèmes d’un univers visuel en résonnances avec ces mots, et avec une illustratrice ou un illustrateur pour donner vie à ce conte. Et puis, il y a l’appel d’un nouveau roman… Mais pour le moment je suis encore dans la phase chaotique !
Catherine Kazan auteure du livre Matriochka – Le Désordre des poupées sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.