Entretien avec Fanny Ounass – Pourquoi moi ?

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

J’ai ressenti une certaine fierté au début puis c’en est suivi un sentiment d’appréhension. Il y a pleins de questions qui se bousculaient dans ma tête.

Quels vont être les retours des lecteurs ?

Quels effets ce livre va-t-il avoir sur eux ?

J’étais divisée entre excitation, fierté et une certaine appréhension, après avoir dévoilée ce que j’ai mis toute ma vie à cacher, à reléguer dans un petit coin de ma tête sous des tonnes de tristesses et d’angoisses pour les oublier, c’était sans compter avec le temps qui nous rattrape et qui nous met devant le fait accompli. Tout se rappelle a notre bon souvenir tôt ou tard jusqu’à nous submerger et nous étouffer pour sortir au grand jour d’une manière ou d’une autre.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

Mon livre est basé sur des faits réels, sur ma vie, sur mon vécu…

Les personnes qui ont vécu ce genre de traumatisme se reconnaîtront dans mes écrits, elles sauront que tout n’est pas figé, que tout n’est pas gravé dans la roche, qu’il y a d’autres échappatoires, qu’il ne faut pas hésiter à demander de l’aide et de rester dans la souffrance et l’indifférence de tous.

Ne faut pas hésiter à demander de l’aide et de ne pas rester dans la souffrance et l’indifférence de tous.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Mon travail d’écriture s’est passé en toute simplicité, j’ai eu besoin de calme pour entendre les mots qui se bousculaient dans ma tête, ils avaient tous leur place et ils étaient tous important dans la rédaction du livre.

J’écris tous les matins environ 4 à 5 heures qui me paressaient environ 15 à 20 minutes. Tout s’enchaînait et se jouait devant moi, il ne fallait rien oublier, chaque mot, chaque ponctualité avait son importance, je n’avais plus qu’à les transcrire dans leur ordre d’arrivée sur mon bloc note.

J’avais besoin de tout écrire sans rien oublier pour que cela me serve d’exutoire, de thérapie.

J’ai écrit ce livre, je l’ai corrigé mais je ne me le suis pas réapproprié. Je ne voulais plus revivre, plus ressentir la tristesse, la douleur, l’indifférence et le rejet que cette petite fille a ressenti. J’avais beaucoup de compassion et de bienveillance pour elle, j’avais envie de la prendre dans mes bras, de la réconforter, de lui donner cet amour qui lui a fait tant défaut toute sa vie et la rassurer, lui dire qu’elle est enfin en sécurité, loin de tous ses bourreaux.