Entretien avec Gabriel Chakra – Marseille phénicienne

Entretien avec Gabriel Chakra – Marseille phénicienne

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Il est toujours agréable d’être édité. Pour « Marseille phénicienne » comme pour les dix autres titres parus auparavant sous mon nom, durant ma carrière de journaliste et écrivain, le premier sentiment est la satisfaction d’avoir mené un travail exaltant à son terme.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

« Marseille phénicienne » est une contre-enquête historique. Comme indiqué sur la quatrième de couverture, le récit prend à rebours la fondation de Marseille par des Grecs venus d’Ionie « vers 600 avant Jésus-Christ ». Mûs par la curiosité d’en savoir plus, les premiers lecteurs ont émis des retours plutôt positifs. « Vous êtes convaincant » m’a dit l’un d’eux, venu me saluer lors de la première séance de signature, à la librairie Prado-Paradis, à Marseille. La formule selon laquelle « en histoire il y a toujours un avant » a été, me semble t-il, décisive chez ces lecteurs assez fins dans leur jugement, d’autant qu’ils savent que la présence humaine sur le littoral marseillais, depuis la découverte de la grotte Cosquer, remonte à 30 000 ans… D’autre part, la présence phénicienne à Marseille, authentifiée par des vestiges et par l’onomastique (l’origine du nom de Marseille) est suffisamment éloquente pour assurer au récit toute sa crédibilité.

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

Les enseignements que je tire de cette expérience d’écriture, et je vais être franc avec vous, sont assez frustrants. Fruit d’une vingtaine d’années de recherches, de lectures minutieuses de textes anciens, de méditation sur le sens de l’Histoire et du rapport de celle-ci à la Méditerranée, ce travail aurait mérité une promotion fondée sur un large écho médiatique. D’autant que Marseille, la plus ancienne ville de France, qui a essuyé bien des coups de tabac au long des siècles (déferlement d’envahisseurs, épidémies de peste et de choléra, occupation nazie et destruction de la vieille ville en 1943, etc.), est singulière dans son genre.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

L’originalité de mon livre réside dans le fait qu’elle détruit le mythe de « Marseille ville grecque. » Elle prend le contre-pied du récit traditionnel. Ainsi est-elle perçue par les lecteurs. Les confidences recueillies ou qui me parviennent me confortent dans ce jugement. D’aucuns découvrent les vraies origines de leur ville à travers l’antériorité phénicienne.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Je portais la promesse de ce livre depuis de nombreuses années. Une fois lancé dans le travail d’écriture, j’ai déroulé le narratif en insérant d’abord Marseille dans le remous de la grande histoire, car les Ligures qui en furent les premiers habitants n’étaient pas isolés ; ils étaient déjà en contact avec des navigateurs étrangers, dont les Phéniciens qui écumaient la Méditerranée, sur 3 800 kms, de Tyr (Liban) à Gadair (Cadix, au sortir de Gibraltar) en passant par Carthage et Utique. L’ensemble s’articule sur dix chapitres. Ma méthode ? La clarté. Empoigner le lecteur dès le début, essayer d’en faire son complice avisé, puis remonter les millénaires, le tout agrémenté d’anecdotes. La pratique du journalisme m’a beaucoup aidé.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

Oui. Le livre que j’ai envie d’écrire, si ma santé me le permet, traitera encore de Marseille. Cette ville, qui ne se livre jamais au premier venu (y compris Jules César !), doit être auscultée sous d’autres aspects que les habituels stéréotypes ou clichés qui lui collent au visage comme des sparadras !

Gabriel Chakra, auteur de Marseille phénicienne, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.