Entretien avec Gérald Vivo auteure de Œil pour œil
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Après plusieurs mois de travail de doute et de remise en question, voir enfin son livre publié est une immense satisfaction. C’est l’accomplissement d’un projet vieux de trente ans. Je n’avais qu’une hâte, c’était enfin de partager mon roman avec les lecteurs, en espérant fébrilement que mon livre serait lu et apprécié. Guetter les premières réactions, les retours des lecteurs, les critiques, les ventes, c’est un mélange d’espoir et d’appréhension. Une forme d’angoisse, vous saisie car mettre son œuvre à la disposition du public, c’est aussi s’exposer aux critiques et aux jugements. Par contre, il y a aussi une forme de soulagement quand enfin, le manuscrit est entre les mains des lecteurs, c’est un poids en moins, et c’est aussi l’occasion de célébrer ce moment avec ses proches, ceux qui m’ont soutenus tout au long des mois d’écriture.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Les lecteurs s’attendent souvent, pour un premier roman, à une écriture moins aboutie, plus hésitante, ou marquée par des défauts de jeunesse. Mes premiers lecteurs ont découvert un style plutôt maitrisé, des dialogues percutants et une construction narrative ambitieuse. Ils ont trouvé l’écriture fluide et le rythme permettant de se laisser emporter par l’histoire, comme s’ils regardaient un film, rendant l’histoire plus immersive et moderne. Ils ont également apprécié les flashbacks, permettant de révéler progressivement les événements clés, et qui ont ainsi maintenu le suspense et l’intérêt sans dévoiler la fin de l’histoire.
En résumé : Un premier roman qui surprend par sa qualité, son style visuel et sa narration audacieuse offre une expérience de lecture à la fois intellectuelle et émotionnelle. Les lecteurs sont emportés par l’histoire, stimulés par la structure originale, et souvent impatients de découvrir la fin de l’histoire.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Le travail d’édition est un partenariat, l’édition ne s’arrête pas à l’écriture. Le dialogue avec l’éditeur, les corrections, la promotion, et les retours des premiers lecteurs sont des étapes cruciales. Il faut rester ouvert aux retours et aux suggestions, même si elles remettent en cause certains de nos choix. Les réactions des lecteurs sont précieuses pour comprendre ce qui fonctionne et ce qui peut être amélioré. Écouter les retours, mais sa propre vision, certains avis peuvent nous aider à progresser, d’autres à affiner son style. Un roman est le fruit d’un long travail, de doutes, et de persévérance. La passion transparaît dans l’écriture et touche les lecteurs, ne rien lâcher, même face aux refus ou aux critiques. Écrire avec son cœur, mais aussi avec rigueur, la passion seule ne suffit pas. Il faut beaucoup de travail, énormément de réécritures, et des tonnes d’humilité. La publication d’un livre est un aboutissement, mais aussi le début d’une nouvelle phase : la promotion, les rencontres, les projets futurs. Il faut profiter de chaque étape, même les plus difficiles, et aussi commencer à penser à son prochain projet dès que possible. Un auteur est un créateur en mouvement constant.
En résumé :
Être à l’écoute, mais rester fidèle à sa voix : les retours extérieurs sont précieux, mais son style est unique et notre force. Il faut considérer l’édition comme un processus collaboratif : de l’écriture à la publication, chaque acteur (éditeur, lecteur, critique) a un rôle à jouer.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
La victime est présentée dans une scène forte, qui montre comment il a été assassiné, le lecteur se demande non pas qui va mourir, mais pourquoi et comment cela a bien put être organisé. Aucun des personnages n’a de motifs apparents, des détails sur l’organisation du crime sont semés au fur et à mesure des chapitres, mais leur signification réelle n’apparaît qu’à la fin. Les derniers chapitres sont cruciaux pour la compréhension de l’énigme.
En résumé : l’idée a été de créer un suspense original, centré sur la psychologie des personnages et la construction d’un crime « par procuration ».
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Tout a commencé il y a plus de vingt ans, par une nuit sombre, le long d’une autoroute, alors que je filait à toute allure, je fus à la hauteur du Luc en Provence survolé à basse altitude par un hélicoptère gros porteur. La nuit et la solitude de la route propice à la réflexion m’ont permis d’échafauder le début d’un script. Les vingt années qui ont suivies n’ont hélas rien apporté à cet embryon de roman. La COVID et son repos forcé, m’ont permis de me retrouver face à moi-même et les idées certainement enfouies au plus profond de moi, ont surgit au fur et à mesure. Elles ont donné vie à un roman, sur un fond d’énigme policière, à un thriller mêlant également histoire d’amour, aventures et rebondissements multiples. En partant de mon idée de départ, j’ai d’abord écrit un synopsis de quelques lignes, puis un scénario chronologique de plusieurs pages, découpés en chapitres. J’ai alors commencé un long travail de recherches sur la géographie et l’histoire des localités que mon roman traverse afin de le rendre tout à fait crédible dans les lieux et dans le temps. Je me suis ensuite attelé au développement de chacun des chapitres. Les personnages ont été créés au fur et à mesure de mon inspiration, quitte à devoir réécrire certains chapitres. Après un premier échange avec mon épouse sur l’avancée de mes travaux, j’ai rajouté à son initiative une histoire d’amour, ce qui m’a obligé à revoir l’intégralité des vingt premiers chapitres et rajouter de nouveaux personnages. Trouvant l’histoire trop descendante, j’ai décidé d’ajouter un certain nombre de flashback et de commencer mon histoire par la fin, et de conclure mon histoire par ce qui aurait chronologiquement dut être le début. Une fois l’écriture terminée a commencé un long travail de relecture, de corrections, de réécriture voir de développement de certains chapitres et corrections orthographiques.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
J’ai déjà commencé l’écriture d’un nouveau roman, ce n’est pas un roman policier, mais une saga de tonneliers huguenots, de l’édit de Nantes à l’an 2000, au travers d’une Bible familiale qui se transmet de génération en génération. Ce fil conducteur symbolique permettra de lier les destins individuels à la grande Histoire, en faisant de la Bible bien plus qu’un objet : un témoin silencieux, un symbole de résistance, et un lien entre les époques.
Gérald Vivo auteur du livre Œil pour œil disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.