Entretien avec Katsiaryna Graff auteure La porte

Entretien avec Katsiaryna Graff auteure La porte

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Lorsque le livre est paru, j’ai ressenti une profonde satisfaction. Dans cette histoire, beaucoup de choses sont suggérées plutôt que dites directement, et il était important pour moi que le lecteur ne se contente pas de profiter de l’histoire, mais saisisse aussi les sens cachés que j’y ai intégrés. En voyant le livre entre les mains d’un lecteur, j’ai pensé que j’avais agi correctement et que mon message trouverait forcément son destinataire.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Je voulais vivement provoquer une résonance chez le lecteur, et dans les premiers retours, j’ai vu que c’était effectivement le cas : les gens étaient émotionnellement impliqués. Chacun interprétait toutefois l’histoire et les personnages à sa manière. Mais ce n’est pas un article scientifique, et pour moi, il n’était pas si important que l’interprétation soit « correcte » : l’essentiel était que le lecteur ait envie de discuter de l’histoire.

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

J’ai relu le texte plusieurs fois, polissant les phrases et me concentrant non pas sur l’intrigue mais sur la « musique des mots ». Au début, il sonnait brut, comme un morceau de bois non travaillé, et moi, telle Geppetto avec Pinocchio, j’essayais de lui insuffler la vie. Et dans une certaine mesure, j’y suis parvenue : le texte a pris vie. Mais ce n’est pas la statue de David de Michel-Ange. Mes sentiments étaient contradictoires : d’un côté, j’étais fière d’avoir osé mener à bien le processus d’écriture jusqu’au bout ; de l’autre, j’avais un peu honte car je voulais offrir au monde non seulement une belle histoire, mais aussi un texte parfaitement travaillé.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

Je considère que mon texte est original, ne serait-ce que parce qu’il m’est difficile de le classer dans un genre littéraire précis. Habituellement, l’écrivain, travaillant dans un genre donné, fait face à certaines contraintes : pour la science-fiction, il doit étudier des articles scientifiques ; pour un roman historique, il doit respecter les événements historiques. Mon récit combine un réalisme élevé dans la description des individualités des personnages, tandis que l’intrigue et le lieu sont entièrement imaginaires. Un jour, une question m’a particulièrement surprise : « Cela s’est-il vraiment passé ? » À ce moment-là, j’ai compris que l’histoire était perçue non pas comme abstraite, mais comme vivante et concrète — le lecteur la ressentait presque physiquement. Pour moi, c’était la meilleure reconnaissance de l’originalité de mon texte.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

L’écriture de ce livre est liée à une histoire amusante. À cette époque, j’étais en congé parental et je consacrais tout mon temps à m’occuper de ma fille nouveau-née. J’avais déjà créé quelques tableaux, et mon mari s’occupait de l’organisation d’une exposition en galerie, mais il restait des œuvres à terminer. Cela n’était pas facile — mes mains étaient littéralement occupées par l’enfant, et peindre de nouvelles toiles était presque impossible. Mais j’avais très envie de créer, de produire quelque chose. « Si je ne peux pas peindre, peut-être que je peux écrire ? » — me suis-je dit, et j’ai essayé. Mon mari m’a alors suggéré d’enregistrer des pistes audio avec des fragments de texte. Au fil du temps, ces enregistrements se sont accumulés et j’ai pu les assembler pour former un texte cohérent. Soudain « Eurêka ! » je me suis exclamé, le puzzle était enfin complet. Il ne me restait plus qu’à l’organiser en une structure unique — et ainsi est né le livre.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

« La porte » est, dans l’idée, le premier livre d’une série de quatre, c’est-à-dire une quadrilogie. Chaque livre raconte une histoire distincte — quatre épreuves différentes. Parfois, le héros réussit sa mission et accède à un nouveau niveau, parfois non. D’ailleurs le deuxième et troisième sont déjà écris et je continue de travailler sur la « musique des mots »… L’objectif principal de cette série est de donner au lecteur une image symbolique du monde : chacune des quatre histoires éclaire une facette différente de la vision globale. Je souhaite créer des récits qui intriguent tout en permettant au lecteur de découvrir ses propres significations, ouvrant de nouvelles perspectives de compréhension.

Katsiaryna Graff auteure du livre La porte sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.