Entretien avec Philippe Villeneuve – Petites cruautés ordinaires

Entretien avec Philippe Villeneuve – Petites cruautés ordinaires

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

À la parution du livre, mon sentiment a été la satisfaction : celle, déjà, d’être arrivé à être édité, après une sorte de parcours du combattant auquel je m’attendais bien un peu, surtout pour un recueil de nouvelles, genre moins prisé des éditeurs que le roman. Satisfaction aussi devant le produit fini : une couverture qui correspondait parfaitement à mes attentes (puisqu’à mes choix) ; le format, la police des caractères, la netteté du tirage : l’objet, d’emblée, m’a semblé de bonne facture. Ceci, à quelques détails près – mais je me connais exigeant (emplacement des pages blanches en début et fin de recueil ; répartition dense du texte sur la page).

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Les premiers retours de lecture, de la part de proches, marquent d’abord l’étonnement, le sentiment de me découvrir sous un jour nouveau. Les quelques commentaires entendus touchent à « l’imagination » (« où vas-tu chercher tout ça ? »), aux sujets abordés, diversifiés, et à l’écriture (« c’est bien écrit » ; « écriture vive », « dense », « efficace », « j’ai reçu un coup de poing ») ; on évoque l’observation psychologique (« on se met dans la peau des personnages », avec des « détails précis ») ; et des sortes de « chroniques de l’intime ».

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

Cette première expérience de l’édition est une concrétisation de mon travail ; la satisfaction de voir un aboutissement, une forme de ‘reconnaissance’ de ce travail, déjà à mes propres yeux, et au-delà.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

L’originalité de mon livre, selon moi, tient déjà au choix du texte court, avec sa densité ; aussi, au caractère purement fictionnel des récits, sans aspect autobiographique. Cela a bien été perçu des premiers lecteurs, parfois surpris, car accoutumés à lire des récits à forte teneur autobiographique. La diversité des nouvelles est aussi un choix, ainsi que la variété des types d’écriture : récit ‘classique’ à narrateur omniscient bien sûr, mais aussi, expression directe du vécu psychique des personnages : goût pour les dialogues, pour le ‘monologue intérieur’ permettant d’entendre leurs pensées. Je ne me reconnais pas, en effet, dans certaines formes de narration s’en tenant principalement aux actes, sans précision de la manière dont ils sont vécus : donc sans la ‘chair’ des personnages. C’est ainsi que j’aime également l’emploi du ‘discours indirect libre’, consistant à mêler dans mon récit des tournures d’expression des personnages, leur vocabulaire : le récit entier prend alors la couleur émotionnelle du personnage évoqué.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

J’aime écrire sur des thèmes variés, touchant à différents aspects des relations humaines. Écrire est un plaisir, mais aussi une exigence personnelle : j’ai tendance à revenir incessamment sur la chose écrite, modifiant en permanence, pour un détail, un mot, une ponctuation, etc. J’ai tendance à me dire que je peux faire mieux, à me demander quand est-ce fini. J’y passe donc beaucoup de temps (je dirais avec humour que je ne suis pas « rentable » – mon temps du moins…). De fait, j’ai plaisir à la concentration de la forme, j’aime ainsi les contraintes du sonnet, du haïku, genres auxquels je m’adonne.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

Un deuxième recueil de nouvelles – d’un registre à tendance fantastique celui-ci, mais avec un fort ancrage dans la réalité – est prêt (selon moi bien sûr), et en attente. J’ai d’autre part le projet d’un roman, ébauché, mais qui me demande (ou demandera, ou demanderait ?) bien des recherches documentaires (sur le Bordeaux des années 20, et l’Afrique Équatoriale Française)…

Philippe Villeneuve, auteur de Petites cruautés ordinaires, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.