Entretien avec Viviane Youx – Toujours le premier soir

Entretien avec Viviane Youx – Toujours le premier soir

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Quand mon livre est paru, j’ai eu le sentiment d’avoir franchi un cap. Désormais, mon roman ne m’appartient plus en privé, il appartient à mes lecteurs et lectrices. Je suis aussi sortie d’une anxiété qui m’avait gagnée quand j’ai commencé le processus de prévente, le sentiment que désormais je m’exposais auprès de mes amis, ma famille, mes connaissances, sur un sujet qui pouvait être perçu comme trop intime. Quand la publication a été bouclée, lors de la parution, les dés en étaient jetés, je ne pouvais pas revenir en arrière, je devais assumer, j’étais libérée.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

L’originalité de mon roman consiste en deux points.

D’une part un sujet peu traité dans la littérature : comment une femme mature peut s’autoriser une vie non conformiste, avec une sexualité libre, comment elle peut briser les codes sociaux. C’est un type de féminisme peu mis en avant. Et mon idée était d’aider les femmes à réfléchir sur elles-mêmes et à s’interroger sur leurs choix, leur liberté. J’attends des lectures de jeunes, femmes ou hommes. Les premières jeunes femmes avec qui j’en ai parlé se retrouvent aussi dans le féminisme que je mets en avant.

D’autre part mon écriture : des phrases courtes, un rythme rapide, un jeu avec la langue et la syntaxe pour tenir le lecteur en haleine. Les premières personnes qui ont lu mon roman n’ont pas pu s’arrêter avant la fin, et tous les lecteurs me disent avoir eu envie de continuer, portés par une forme de suspense tenu par l’écriture.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

J’écris par chapitres. Je me laisse porter par mon écriture, les personnages qui me guident, se construisent peu à peu. Je n’écris pas avec un plan préétabli, je préfère privilégier le processus d’écriture et la créativité. Au bout de quelques chapitres, je reviens en arrière, reprends, ajoute un chapitre, en déplace un selon les besoins.

J’anime un atelier d’écriture fictionnelle depuis plus de 12 ans, ce qui rythme aussi mon écriture. Et j’organise depuis plusieurs années un concours mondial d’écriture créative collective francophone pour des classes du monde entier.

Je suis une maniaque de la relecture, je reprends beaucoup, change un mot, une construction de phrase. Je n’écris pas vite, je peux passer du temps sans écrire en fonction de mon temps disponible, puis mon sujet me reprend, je m’y raccroche. Il m’arrive aussi de faire une pause parce que je ne sais plus comment avancer, quelle orientation prendre, puis ça vient, en marchant, par une expérience de la vie quotidienne, une rencontre, et je reprends mon clavier…

Viviane Youx, auteure de Toujours le premier soir, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.