San Francisco s’enfonçait dans la torpeur du printemps. Emma et David, étrangers à la cité, erraient main dans la main, esquissant les contours d’un avenir prometteur. Pourtant, dans les entrailles de la terre, un grondement sinistre présageait une tragédie.

Ce livre aux allures d’un film-catastrophe est une chronique d’une mort annoncée. Pendant des années, les avertissements des experts avaient retenti, mais la cupidité, l’arrogance de l’homme moderne et l’urbanisation sans scrupules ont prévalu, emprisonnant des millions d’âmes innocentes au cœur de l’épicentre du tremblement de terre le plus redouté. Le passage du Big One laisse derrière lui un monde en lambeaux, où les survivants se débattent pour leur existence. Les décombres de San Francisco témoignent de la puissance de la nature, prête à reprendre ses droits à tout instant.

Ce livre nous rappelle que l’avenir demeure aussi incertain que les ombres qui s’étirent dans la nuit. Nul ne peut prédire ce que le lendemain réserve à ceux qui osent défier la Nature.

Extrait de Big One  par Alexandre Thomas

« La fin d’après-midi s’étirait en une toile dorée, une générosité presque malveillante du soleil sur la baie. Cette beauté apparente cachait une teinte sinistre qui s’insinuait, une beauté qui vous saisissait comme un étau implacable, refusant de vous libérer. Les reflets dorés dissimulaient des ombres obscures, transformant une scène diurne en un spectacle nocturne où la beauté et le mal se confondaient. À San Francisco, chaque coin de rue respirait cette dualité, une splendeur trompeuse qui enserrait ceux qui contemplaient l’éclat et l’ombre de cette ville envoûtante.
Les rayons de lumière, tels des mains monstrueuses, caressaient Russian Hill et Nob Hill, ces collines dressées en sentinelles sombres entre Fisherman’s Wharf et Civic Center. Russian Hill, avec ses ruelles sinueuses et ses escaliers interminables, évoquait les veines d’un dragon ancien, endormi depuis des siècles mais prêt à se réveiller à tout moment. Le Castro s’épanouissait dans une atmosphère de fierté et de diversité, célébrant son histoire et sa culture avec des événements vibrants et des lieux emblématiques. Nob Hill, le quartier aristocratique, où les majestueuses demeures scintillaient telles des joyaux maudits, incrustées dans les flancs de la ville. Ces résidences, tapis dans l’ombre, attendaient silencieusement, prêtes à dévoiler leurs secrets les plus sombres à ceux osant franchir leurs portes.
La ville elle-même semblait posséder une âme, une conscience malicieuse, prête à jouer des tours aux malins. Les rues se tordaient et se croisaient comme des serpents sournois, les bâtiments murmuraient des secrets ancestraux, et les ombres dansaient de manière inquiétante dans les recoins sombres. San Francisco était une ville aux charmes troubles, où le passé et le présent se mélangeaient en une symphonie discordante.
Les gens vaquaient à leurs occupations, inconscients des forces invisibles qui régissaient leur destin. La beauté et le mal se côtoyaient sans se rencontrer. Ils s’épousaient dans chaque coin de rue, chaque maison ancienne, chaque regard furtif. La ville gardait jalousement ses secrets et ses mystères, prête à les dévoiler aux badauds curieux (…). »