Dans ce roman, historique et politique, je mêle mon goût pour l’uchronie et l’histoire à ma connaissance profonde de l’Italie. L’histoire combine complots politiques et mystères historiques et conduit à des développements fantastiques qui, basés sur l’uchronie, remettent en question l’histoire officielle de la Russie… Un roman qui s’adresse avant tout aux passionnés d’histoire, ainsi qu’à ceux qui aiment les styles littéraires sortant de l’ordinaire.

J’aimais ces promenades à cheval, seul ou accompagné, ces longs moments, où je ressentais une connivence profonde avec la nature, un état de grâce indicible que suscitait cette solitude extrême dans laquelle j’évoluais, et dont je ne partageais le plaisir ineffable qu’avec un animal sans parole, mais dont je ressentais les sentiments qui l’habitaient ; je goûtais le plaisir de ces sensations mêlées que suscitent la nature et l’animal, ce frôlement des herbes et des branches, cette douceur du poil et cette caresse soyeuse, cette complicité forte qui se forge aux détours d’un chemin, au creux d’un dénivelé, sous les fourches caudines de branches basses qui se dressent soudain, surprises dans leur sommeil par cette irruption brutale, au-dessus d’une haie basse de ronces que l’on franchit avec des frissons d’allégresse, et j’éprouvais toujours un sentiment de plaisir à entendre l’écho discret d’un hennissement se répandre dans l’air, comme le signal d’un plaisir à peine exprimé. Les arbres se dressaient encore autour de nous, telle une armée silencieuse éparpillée en cohortes épaisses et profondes, nous passions au milieu d’eux à la vitesse d’un galop effréné dont nous ressentions les secousses et le plaisir dans nos corps de cavaliers, secoués sur nos selles par cette allure noble dont chaque temps s’imprimait en nous, reconnaissant les buissons aux branches desquelles nous nous étions égratignés une heure plus tôt, nous les laissâmes de côté, d’un brusque mouvement de rênes nous déviant vers les herbes hautes ; le piétinement de nos montures résonnait dans cet écrin de verdure intense, couvrant le vacarme des piverts et la mitraille des oiseaux, tel le brouhaha d’une horde cavalière dévalant, au galop de ses charges débonnaires, les forêts et les plaines, creusant dans les buissons des tranchées vives qui se refermaient immédiatement derrière eux comme autant de cicatrices.