Je suis une retraitée paisible, mais ma vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. J’ai traversé des moments difficiles qui ont mis à l’épreuve mon cœur et mon esprit. Dans cette tourmente, l’écriture est devenue ma bouée de sauvetage, une échappatoire salvatrice. C’est à travers une lettre de ma mère, emportée trop tôt, et les résonances du passé de mon père, connu seulement après sa mort, que j’ai puisé l’inspiration pour ce roman. Je vous invite à découvrir cette ode à la mémoire, et un hommage à un épisode tragique et méconnu de la Corse, sous l’occupation italienne.

Les pages résonnent comme un hommage à ces héros méconnus, faisant écho aux sacrifices silencieux de ceux qui ont défié l’ennemi au péril de leur vie. Ce livre séduira tous les lecteurs en quête d’histoires authentiques, où l’amour et le dévouement illuminent les heures les plus sombres. Ce récit émouvant fera prendre conscience de l’impact démesuré d’événements extraordinaires sur des parcours de vie ordinaires. Unissez-vous à cette fresque humaine chargée d’émotion, et laissez-vous emporter par la beauté de l’esprit insulaire confronté à l’adversité. Préparez-vous à être touchés en plein cœur !

Extrait

L’Hôtel Casa Maria Cicilia se présentait comme un véritable petit château corse, ancré au milieu des vignes. Deux tours octogonales, couronnées de toitures en tuiles vieillies, s’élevaient de chaque côté de la bâtisse, encadrant harmonieusement l’ensemble. Ces toitures coniques, typiques de l’architecture insulaire, donnaient aux tours une allure à la fois robuste et élégante. Entre elles, les toits en pente douce épousaient les lignes du bâtiment et conféraient à l’édifice un caractère intime malgré sa stature. Le perron de pierre sombre, agrémenté de volutes, s’ouvrait sur une terrasse dallée, tandis que les fenêtres hautes, percées dans des murs à l’enduit veiné comme une vieille faïence, donnaient à cette demeure l’apparence d’un havre paisible et raffiné, où le temps semblait s’être arrêté.

Il avait plu abondamment dans la nuit : Savia et Marie, profitant de la fraicheur matinale, s’acheminaient vers l’hôtel. A cette allure, une bonne demi-heure leur serait nécessaire pour atteindre leur lieu de rendez-vous. Elles marchaient d’un bon pas tout en bavardant et leur conversation était empreinte d’une inquiétude grandissante.

Soudain, un ordre bref leur parvint du fond du petit vallon. Elles aperçurent la silhouette d’un homme jeune qui empoignait fermement les mancherons d’une charrue tout en intimant le départ. Les deux ânes qui constituaient l’attelage baissèrent la tête et tendirent les jarrets. Le soc, avec un bruit de faux qu’on aiguise, s’enfonça. La terre s’ouvrit, brune, formant un haut remblai qui se brisait en montant et croulait sur lui-même, comme les eaux divisées par l’étrave d’un navire. Les braves bêtes allaient droit et sagement tandis que coutre et versoir, plongeant dans l’humus, faisaient leur office. Joseph conduisait son attelage avec maestria, ses muscles se mouvant sous l’effort. Les herbes se couchaient, déracinées : trèfles, folles avoines, plantains disparaissaient sous les glèbes.

Tandis que la charrue grinçante et robuste pénétrait la terre nourricière au rythme lent de la traction des deux ânes, des sillons rectilignes et parallèles se dessinaient, que bordaient des mottes grasses, luisantes et compactes. Le sol avait été rendu meuble par la pluie de la nuit et pour Joseph, ce don du ciel était de bon augure après les périodes de sécheresse qu’il avait connues. Il aimait cette terre avec passion parce que cette terre, c’était son père qui l’avait faite, et lui avait participé à cette création. De ces rocs brûlés, de ces versants arides, il avait tiré son droit de propriété, sa fierté. Aujourd’hui, cette pensée redoublait son ardeur patiente et tenace qui, du bas de la côte, le poussait à remonter inlassablement son champ, arrimé à sa charrue.