Emma, Baronne du crime est un polar atypique. Pourquoi ?

Il valorise les personnages féminins et leur confère légitimement des attributs de pouvoir : la commissaire mène l’enquête à propos d’une impératrice du crime. D’habitude il y a un Parrain, et une enquête menée par une équipe composée majoritairement d’hommes.
De plus le récit, au départ de nature policière, s’enrichit d’autres dimensions :
Emma est suivie par un psy, rare pour une maffieuse… D’autres personnages ont parfois des interrogations métaphysiques ou affectives intenses : les arcanes du crime sont loin d’être leur seule préoccupation. Et puis le roman est traversé par les faits de l’actualité, qu’ils soient sanitaires, politiques ou militaires. Ainsi la narration se métamorphose au fil de pages en une radiographie de l’évolution de la société.

« Giulia est sortie du labo pour fumer une cigarette. Tandis qu’elle déambule sur le trottoir tout en inspirant rapidement des bouffées de tabac américain cultivé en Virginie. Son portable l’interrompt :
— Giulia Stavridis j’écoute,
— Je me présente, Monsieur Vladimir. J’appartiens à la compagnie “Universal Health”. Nous voulons vous recruter.
— Me recruter, je ne comprends pas ?
— Comme chercheuse pour notre laboratoire.
— Désolée, mais mon emploi actuel me satisfait.
— Giulia, réfléchissez bien, la rémunération est très attractive, cent mille dollars mensuels !
— Tout réfléchi, c’est non !
Un temps de silence, puis la voix de Vladimir, rauque, un peu sifflante, aux intonations menaçantes, résonne à nouveau dans l’appareil :
— Madame Giulia Stavridis, soyez raisonnable.
Vous avez de très gentilles filles, si mignonnes. Vous ne voudriez pas qu’il leur arrive quelque chose. Le monde est si incertain de nos jours… »